email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS / CRITIQUES

Les neiges du Kilimandjaro

par 

- Conscience de classe, pauvreté et conflit générationnel sous le soleil de Marseille. Un film engagé et chaleureux de Robert Guédiguian dévoilé à Cannes et finaliste du Prix Lux 2011.

Retour aux fondamentaux, à son quartier populaire de l’Estaque, à sa ville lumineuse de Marseille, à l’amitié et à l’engament sociopolitique pour Robert Guédiguian qui a présenté Les neiges du Kilimandjaro [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Robert Guédiguian
interview : Robert Guédiguian
fiche film
]
dans la sélection Un Certain Regard (article) du 64ème Festival de Cannes.

Inspiré par un poème de Victor Hugo, "Les pauvres gens" ("La cabane est pauvre, mais bien close. Le logis est plein d'ombre et l'on sent quelque chose Qui rayonne à travers ce crépuscule obscur"), le film diffuse une souriante nostalgie nourrie d’émotions simples et d’un idéalisme revisité dans la difficulté de la confrontation générationnelle. Brandissant un miroir (au reflet plus complexe qu’il n’y paraît) sur la perte aujourd’hui de l’esprit de solidarité et de conscience de classe, Robert Guédiguian continue à faire œuvre de résistance comme un indien encerclé par un monde nouveau où les pauvres s’entredéchirent.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

A qui perd gagne ! Les neiges du Kilimandjaro démarre sur une loterie très particulière. Dans une entreprise du port, 20 noms sont tirés au sort par les syndicalistes, 20 licenciés dont Michel (Jean-Pierre Darroussin), un pilier du de la CGT qui aurait pu facilement esquiver la sentence comme le souligne son beau-frère, ami et collègue Raoul (Gérard Meylan). Mais Michel le soudeur, qui cite volontiers Jean Jaurès, ne mange pas de ce pain là : "Il y a des jours où c’est fatiguant de vivre avec un héros" réagit avec douceur sa femme Marie-Claire (Ariane Ascaride) à l’annonce de la nouvelle.

Quinquagénaire au chômage, Michel n’a aucune raison de dramatiser. Il est propriétaire, va toucher des allocations suffisantes, s’amuse à la plage avec ses petits enfants au sein d’une famille omniprésente, et file toujours le parfait amour avec Marie-Claire qui travaille comme femme de ménage. Un bonheur concrétisé par une fête et un cadeau collectif pour le couple : un voyage d’une semaine au Kilimandjaro. Mais un soir, tout vole en éclat : deux braqueurs armés, masqués et violents font irruption chez Michel et Marie-Claire qui jouaient aux cartes avec Raoul et sa femme Denise (Maryline Canto). L’argent et les billets du voyage disparaissent.

Cet événement traumatisant va faire office de révélateur. Michel découvre que l’un des deux jeunes voleurs (Grégoire Leprince-Ringuet) faisait partie des 20 licenciés du début de l’histoire. Il le livre à la police avant de se rendre compte progressivement qu’il a été volé simplement par plus pauvre que lui et que ses idéaux de jeunesse ont été oubliés, par lui-même, par ses proches et par la jeunesse actuelle. Ramant à contre-courant, il va tout faire avec Marie-Claire pour retrouver l’estime de soi et rallumer la flamme de la solidarité.

Le charme méditerranéen saisi à merveille par des plans largement ouverts sur le port sillonné de grands navires et la qualité de la troupe de comédiens (qui inclut également entre autres Anaïs Demoustier, Adrien Jolivet et Karole Rocher) constituent les meilleurs atouts des Neiges du Kilimandjaro. L’humanité du cinéaste fait le reste sans se préoccuper des raccourcis scénaristiques et des passages en force émotionnels. Un style bien en accord avec le tempérament marseillais et l’esprit de combat entretenu par Guédiguian, et que résume idéalement une banderole aperçue dans le film : "La lutte, c’est classe".

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy