10/07/2013 - Vinko Brešan, réalisateur aguerri, a su trouver le ton parfait pour cette comédie, un genre dans lequel il excelle.

Le Croate Vinko Brešan est de retour en compétition à Karlovy Vary pour la quatrième fois avec son cinquième long métrage, Bonté divine [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Vinko Bresan
fiche film] (The Priest's Children). Ce titre, qui se rattache au genre de la comédie, aborde des thèmes sérieux, tout à fait d'actualité en Croatie, et laisse dans la bouche un goût amer qui convient bien au contexte festivalier, les compétitions des grands festivals étant souvent pleines de titres noirs et déprimant.

Le jeune Père Fabijan (Krešimir Mikić, l'un des acteurs les plus polyvalents de Croatie, récemment vu dans Vegetarian Cannibal [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film]) arrive dans une petite île pour reprendre les rênes de la paroisse, son prédécesseur ayant progressé dans la hiérarchie et quitté les lieux. Préoccupé par le taux de natalité de plus en plus médiocre dans sa nouvelle paroisse comme dans le reste du pays, le Père Fabijan met en oeuvre un plan pour inverser la tendance : en complicité avec le propriétaire du kiosque local, Petar (Nikša Butijer, connu sur la scène internationale pour son rôle dans The Blacks [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Zvonimir Juric, Goran D…
fiche film]), qui est très religieux, il se met à percer des trous dans tous les préservatifs vendus par ce dernier. À son plan s'associe également le pharmacien passionné de guerre Marin (Dražen Kuhn, à l'écran cette année dans le succès pour enfants Mysterious Boy), qui s'occupe des préservatifs restants et remplace aussi les pillules contraceptives par des vitamines. Très vite, les mariages et les naissances se multiplient, un phénomène qui amène vite sur l'île une foule de visiteurs étrangers qui n'arrivent pas à concevoir.

Avec son expérience de la comédie et de la mise en scène, Vinko Brešan a su trouver le ton parfait pour ce film. Bonté divine s'inspire d'une pièce de l'écrivain croate le plus connu du moment, Mate Matišić, qui adapte souvent lui-même ses pièces pour le cinéma, généralement avec succès. Ce nouveau film tiré de son oeuvre ne fait pas exception à la règle : il est très réussi et son récit se déploie de manière parfaitement fluide et adaptée au grand écran.

L'ensemble de la troupe de comédiens arrive parfaitement à maintenir l'équilibre entre le réalisme nécessaire pour convaincre et l'approche comique, sans jamais surjouer : Krešimir Mikić prouve de nouveau son talent ; Nikša Butijer et Dražen Kuhn incarnent respectivement le dévot et le fou de guerre avec beaucoup de style. Ana Maras et Goran Bogdan, qui interprètent l'un des nombreux nouveaux couples d'époux de l'île, se distinguent également. A noter que l''équipe comprend aussi la star serbe Lazar Ristovski, qui a coproduit le film.

Vinko Brešan est pratiquement le seul metteur en scène croate qui ne manque jamais la cible du succès, ce qui est d'autant plus exceptionnel que le public de son pays a tendance à bouder les productions locales. Trois des titres du Top 5 des films croates les plus vus de tous les temps sont de Vinko Brešan, dont Bonté divine qui a cumulé près de 160 000 entrées. Le réalisateur est aussi un habitué de Karlovy Vary, où il a raflé le Prix FIPRESCI pour Will Not End Here (2008), le Prix Philip Morris pour Witnesses (2003) et le prix du meilleur réalisateur pour Marshal Tito's Spirit (1999).

Bonté divine a été coproduit par Interfilm avec la société serbe Zillion Film. Les ventes internationales du film sont assurées par Wide.