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CANNES 2013 Semaine de la Critique

Suzanne : Les sacrifices de la passion

par 

- Katell Quillevéré signe une œuvre romanesque très émouvante sur la destinée chaotique d’une jeune femme plaquant tout pour un amour dangereux.

Suzanne : Les sacrifices de la passion

En s’attaquant avec Suzanne [+lire aussi :
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, qui a ouvert la Semaine de la Critique du 66ème Festival de Cannes, au parcours d’un personnage sur une trentaine d’années, Katell Quillevéré, déjà remarquée sur la Croisette en 2010 avec son premier long Un poison violent [+lire aussi :
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, avait placé la barre assez haut. Une prise de risque couronnée de succès avec un film romanesque, sensible et émouvant, porté par une excellente Sara Forestier dans le rôle d’une jeune femme qui va emprunter des chemins de traverse et en payer le prix.

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De ce brin de destinée sur lequel flotte un parfum de poisse, la réalisatrice extrait le portrait très juste et affectueux d’une famille modeste de la France profonde, celle des chauffeurs routiers, des ouvrières et des serveuses, des barbecues dans des cours défraîchies, des enfants placés dans des familles d’accueil, des bars et des boîtes où l’on cherche à s’évader, et des voyous trafiquant à la marge. Cet univers de solitude où les liens familiaux font office de bouée de sauvetage, Katell Quillevéré le dessine avec une énergie salutaire, un excellent scénario (cosigné par Mariette Désert) maniant avec adresse l’ellipse temporelle et une belle mise en scène (sans ostentation) balançant efficacement de l’intime à la perception plus vaste du monde environnant.

Tout démarre dans l’innocence et les rires de l’enfance pour Suzanne (Sara Forestier) et sa sœur Maria (Adèle Haenel), élevées avec amour par leur protecteur père (François Damiens), dans un milieu populaire du Sud de la France. L’absence de leur mère, qui est morte, ne semble pas peser sur les deux gamines qui deviennent vite des adolescentes "grunge" et assez délurées. Nous sommes dans les années 90 et arrive un premier coup du sort : la lycéenne Suzanne tombe enceinte et accouche d’un garçon, Charly, qu’elle élève seule au domicile familial. Maria part travailler à Marseille, mais le très fort lien affectif entre les deux sœurs perdure jusqu’au coup de foudre de Suzanne pour Julien, un petit voyou (Paul Hamy) magouillant dans les courses hippiques. Emportée par la passion, Suzanne le suit et disparaît, abandonnant son jeune fils que récupère le grand-père. Quelques années plus tard, c’est en prison que la jeune femme échouera après un vol avec effraction et violence. Julien est en fuite et, dévastée de solitude et de culpabilité, Suzanne découvre que son fils a été placé dans une famille d’accueil. Elle lui rend visite à sa sortie et tente de refaire sa vie après avoir renoué avec sa sœur et son père. Mais le beau Julien, qui a pris du galon dans la criminalité, ressurgit par hasard. Le couple se reforme sur fond de trafic de drogue avec le Maroc, ce qui n’empêche pas Suzanne de donner naissance à une petite fille. A nouveau éloignée de sa famille, la jeune femme poursuit sa destinée chaotique, mais de mauvaises surprises l’attendent encore…

Passant un cap par rapport à son premier long, Katell Quillevéré (née en 1980, exactement comme Suzanne) a plusieurs cordes à son arc de cinéaste. Surmontant avec une grande aisance les difficultés inhérentes à l’amplitude temporelle de l’intrigue, elle réussit à donner à ses personnages une réelle consistance, y compris les rôles les plus secondaires (Corinne Masiero, Anne Le Ny), la qualité générale de l’interprétation étant également à saluer. Ancré dans un réalisme social parfaitement restitué et utilisant à très bon escient la musique (composée par Verity Susman du groupe anglais Electrelane), Suzanne déploie un charme assez irrésistible dans le sillage touchant d’une jeune femme en quête désespérée d’amour et de liberté. 

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