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David Lammers • Réalisateur

"L'histoire compte, mais ce n'est certainement pas le seul moteur du film"

par 

- Le metteur en scène David Lammers a évoqué pour nous le langage de son premier long métrage et l'importance relative de la langue

Cineuropa: Voyez-vous Northern Light [+lire aussi :
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interview : Jeroen Beker
fiche film
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comme un film hollandais ou européen?

David Lammers: : À la fin, ce qui compte, c'est de raconter une histoire qui peut toucher les gens dans le monde entier ; c'est mon ambition. Les films que je préfère sont ceux qui parlent des gens et de ce qui les fait avancer, de leur manière de vivre leurs vies quel que soit l'endroit du monde où ils habitent. Je ne pense pas qu'un film en devienne automatiquement international quand il est tourné à l'étranger ; le lieu de l'action n'a rien à voir avec ce qui fait l'universalité d'un film, même si les miens sont tournés aux Pays-Bas en néerlandais. Les éléments dont on a besoin pour créer le décor se rattachent à un endroit en particulier, car on ne peut qu'y mettre ce qu'on a sous la main. Pour moi, il est important de pouvoir discuter avec les gens qui vivent dans le milieu représenté afin de comprendre comment il fonctionne réellement. Je ne pourrais jamais faire ou écrire un film sur le traffic d'opium à Shanghaï, par exemple, parce que je ne traiterais que de la surface des choses ; je serais enfermé dans les clichés.

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Comment avez-vous combiné cette description d'ensemble d'un quartier d'Amsterdam en été avec l'histoire plus spécifique d'une relation père-fils difficile?
En fait, pendant la phase d'écriture, c'était tantôt un thème tantôt l'autre que j'avais d'abord à l'esprit. J'aime bien décrire le contexte s'il a un intérêt en tant que tel. Puis je reviens au récit, jusqu'à ce que cela m'ennuie — alors je reviens au contexte. Je ne peux pas me concentrer uniquement sur l'histoire — ce serait une approche trop unilatérale. Mon but est de raconter des histoires sur plusieurs niveaux dans chaque scène. Par exemple, dans la scène où l'un des gars du quartier passe pour dire que Mitchel peut travailler pour son père, il amène des grappes de raisin, ce qui le fait ressembler à un dieu grec. Mais l'idée, c'est bien sûr qu'il y a probablement une mère dans l'histoire pour dire au jeune homme d'amener des raisins à Mitchel, qui vit tout seul. Cette scène révèle quelquechose sur les relations de voisinage tout en me permettant de faire passer une information majeure : Mitchel a trouvé du boulot.

Comment avez-vous élaboré les dialogues pour qu'ils semblent si naturels? Vous en êtes-vous tenu au scénario ou avez-vous modulé le texte avec les acteurs et les locaux engagés comme figurants?
L'essentiel des dialogues correspond à ce que j'ai écrit, mais les acteurs ont fait quelques contributions dans les scènes plus improvisées. Je passe très souvent dans le quartier que je décris ici et bien sûr, j'en ai bien observé les habitants, écoutant leurs conversations pour ensuite en rendre le ton dans mon écriture. J'écoutais les gens et essayais de consigner leurs propos sur papier avant même de devenir cinéaste. C'est très intéresant d'analyser les différents modes de l'oralité. Cette réflexion sur les mots est importante parce que je ne veux pas qu'ils prennent le devant dans mon film ; ils ne doivent pas être les piliers sur lesquels repose toute l'histoire. Au début, le père parle sans arrêt, même si en fait, il ne dit pas tant de choses que cela, puis il se met à parler de moins en moins, jusqu'à se taire pour réfléchir à ce qui s'est passé. En gros, le père fait tout le contraire de ce qu'il dit. Chez ce personnage, le contenu du discours n'est pas ce qui compte le plus ; c'est le fait même de parler beaucoup qui est un trait important de sa personnalité. Cela dit, il a des mots et des tournures de phrases que je trouve très amusants.

Malgré son sujet sérieux, Northern Lights est souvent très drôle. Quel rôle l'humour joue-t-il dans ce film?
L'humour est très important — presque essentiel. C'est la manière idéale de contrebalancer les moments plus lourds et dramatiques. C'est aussi comme cela que je vois moi-même la vie ; j'adore rire de mes erreurs vraiment idiotes. Dans un film, il faut équilibrer les choses et trouver les moments justes pour laisser place à l'humour. Là où il n'a rien à faire, l'humour gâche la solennité du drame, ce qui est très dangereux.

Pensiez-vous à un public en particulier en faisant ce film?
Non, pas vraiment. Je ne pense pas en termes de "public-cible" et je ne veux pas faire ce genre de films. J'espère que ce projet touchera les gens et signifiera quelquechose pour eux. J'imagine que le public de ce film se composera de spectateurs désireux de voir quelquechose de différent. Pour le dire autrement, disons que j'essaie de faire des films regardables à l'envi, des films qui n'épuisent pas leurs possibilités en une seule séance. C'est ce genre d'oeuvres (films ou livres) que je préfère moi-même ; j'essaie d'analyser pourquoi j'y reviens constamment, et c'est au moins en partie parce qu'il y a aussi beaucoup de choses intéressantes qui se passent en arrière-plan. Dans mes films, l''histoire compte, mais ce n'est certainement pas le seul moteur du film.


Filmographie

Langer Licht (t.i. Northern Light) (2006)
Sélection officielle en compétition au Festival international de Rotterdam
Allerzielen (t.i. All Souls) (segment Stofwolk) (2005)
Veere (court métrage) (2005)
Prix Bébé Tigre du Meilleur court métrage au Festival de Rotterdam
Snacken (TV) (2004)
Langs de grote weg (TV) (2003)
Oud en nieuw (court métrage) (2002)
De laatste dag van Alfred Maassen (t.i. Alfred Maassen's Last Day) (court métrage) (2001)
Veau d'or du Meilleur court métrage au Festival du cinéma hollandais Official Selection Cinéfondation, Cannes Film Festival

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