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Nikolaj Arcel • Réalisateur

“Je suis surtout fier que nous n’ayons pas échoué”

par 

- Le réalisateur danois Nikolaj Arcel évoque son retour vers le passé pour un drame amoureux et politique situé au XVIIIème siècle.

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qui l'a emmené pour la première fois en compétition au Festival de Berlin, a offert deux Ours d'argent au Danois Nikolaj Arcel : celui du meilleur scénario original (un prix qu’il a partagé avec Rasmus Heisterberg) et celui du meilleur acteur (Mikkel Boe Følgsgaard).

Cineuropa : Vous abordez d'habitude des intrigues contemporaines concernant des gens ordinaires. Pourquoi vous être intéressé à cet amour à la cour royale en 1770 ?
Nikolaj Arcel : Je connais cette histoire depuis tout jeune et elle m'a toujours fasciné. L'idée est venue par hasard, comme cela arrive souvent, pendant une promenade dans les Jardins du Roi de Copenhague, parce que ma soeur s'est mise à en parler. J'ai d'abord répondu par une plaisanterie, mais le soir même, l'idée m'est revenue, et c'est devenu un défi. Au moins dix réalisateurs ont essayé de s'y attaquer. Certains ont abandonné pour des raisons de budget, d'autres parce qu'ils ne sont pas arrivés à bien restituer l'histoire qui était donc apparemment difficile à scénariser. Je crois que nous avons percé le code quand j'ai découvert que la reine Caroline Mathilde était une jeune femme intelligente et spirituelle qui pouvait facilement être intégrée dans la partie politique du récit.

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Les personnages de cette histoire vous intriguaient ?
Je les ai trouvé particulièrement intéressants, de même que leur quête d'un bonheur individuel qu'ils n'allaient trouver qu'ensemble. Il y a dans cette histoire des héros et des méchants, mais ni Struensee ni la reine ne méritaient pareil sort : la décapitation pour lui, l'exil pour elle. On ne peut qu'imaginer le charisme et la personnalité de Struensee, mais la plupart des gens s'accordent sur le fait que s'il a pu prendre le pouvoir, c'est grâce à son amitié étroite avec le roi Christian VII : il est devenu comme un père pour le roi qui lui faisait une confiance aveugle. Il a fini par être renversé parce qu'il était par trop idéaliste et réformateur et voulait changer le monde entier d'un coup, ce qui était trop, pour la noblesse comme pour le peuple.

A-t-il été difficile de trouver vos acteurs ?
Je suis un grand fan de Mads Mikkelsen. C'est lui que je voulais pour incarner Struensee et j'ai eu la chance qu'il accepte. Le choix de la reine a été difficile : nous avons étendu nos recherches à la Suède et c'est là que nous avons trouvé la radieuse Alicia Vikander et j'ai su d'emblée que c'était elle. En plus, la vraie reine étant anglaise, elle avait également un accent en danois. Avec Mikkel (Boe Følgsgaard) pour le rôle du roi, j'ai fait un pari : bien qu'encore étudiant en art dramatique, j'ai senti qu'il en avait le talent et que c'était quelqu’un de sympathique avec qui il serait agréable de travailler.

Pourquoi avez-vous choisi de tourner en République tchèque et en Allemagne ?
Prague et le reste de la République tchèque nous offraient les meilleurs décors, tant pour les extérieurs dans le Copenhague du XVIIIème siècle que pour les vieux châteaux non restaurés. Mais, hélas, la plupart ont été repeints en jaune ou rose. Or il nous fallait un Christiansborg en grès, ce que nous avons trouvé à Dresde. Le vrai problème était l'éclairage des scènes nocturnes. Je crois que pendant les sept semaines où nous avons tourné là-bas, nous avons utilisé toute la réserve de bougies de Prague. Nous les changions sans arrêt. 200 plans dans le film ont été élaborés par le biais du numérique : cinq plans où nous avons recréé Christiansborg et pour le reste, il s'agissait surtout d'effacer des objets modernes ou de changer la couleur du ciel.

A Royal Affair marque un saut en avant dans votre carrière ?
Je ne sais pas si je peux dire ça, il est un peu tard. Je suis fier de tous mes films. Certes, si les gens savaient combien il a été difficile de monter une production pareille (avec ses costumes, ses perruques et chevaux, son langage d'époque, une histoire d'amour, de la politique, des exécutions...) dans les limites d'un budget danois... Je suis surtout fier que nous n’ayons pas échoué. Je ne soutiendrai jamais que mes films sont parfaits, mais je pense que je suis parvenu à raconter une histoire formidable et complexe d'une manière qui lui fait honneur.

Pensez-vous qu'il sera difficile de faire mieux à votre prochain film ?
Certainement. Je suis en train de réfléchir à ma prochaine entreprise en tant que réalisateur. En attendant, j'écris pour Zentropa les scénarios de trois adaptations des polars du Danois Jussi Adler-Olsen sur le commissaire Carl Mørck et sa brigade spéciale.

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et vous avez travaillé comme consultant en scénario pour des collègues comme Lars von Trier, qui a collaboré avec vous sur A Royal Affair. Que vous a-t-il appris ?

J'ai appris beaucoup de Lars, notamment de son attitude sans compromis. C'est un narrateur ingénieux et il nous a beaucoup aidés pendant le montage. Cela dit, j'ai surtout appris que personne ne peut faire ce qu'il fait – et mieux vaut ne pas essayer.

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