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Paul Negoescu • Réalisateur

“Un film fait par des jeunes, sur des jeunes et pour un public jeune”

par 

- Avec son premier long métrage A Month in Thailand, découvert à Venise, le jeune cinéaste roumain se distingue nettement des productions habituelles de son pays.

Paul Negoescu, né en 1984, a fait ses études à l'Académie Caragiale des Arts du théâtre et de la Cinématographie de Bucarest. Ses courts métrages Horizon, Derby et Renovation ont concouru à Cannes et Berlin, le second nommé et le troisième ayant même été nominés pour les EFA (Prix du cinéma européen) en 2009 et 2011. Son premier long métrage, A Month in Thailand [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Paul Negoescu
fiche film
]
, a participé à la Semaine internationale de la critique de la dernière Mostra de Venise. Negoescu est aussi producteur et il dirige le Festival Timishort.

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Cineuropa : Est-il difficile de faire un premier long métrage en Roumanie ?
Paul Negoescu : Ce ne fut pas chose facile pour moi, loin de là. J'ai eu beaucoup de mal à réunir l'argent et tout s'est retrouvé en place juste au moment où le tournage était censé commencer. Pendant un long moment, j'ignorais sur quel budget je pouvais vraiment compter. Mais je fais partie des chanceux car j'ai fini par réussir à sortir un premier long métrage à mon âge, à 27 ans. Le budget a été complété grâce à l'aide de gens qui avaient aimé mes courts métrages. Si je n'avais pas réalisé ces courts, il aurait été impossible de faire ce long. Je pense que s'il a été difficile pour moi de financer A Month in Thailand, pour d'autres confrères qui n'ont pas eu la même chance, cela aurait été encore plus dur. Les conditions posées par le Centre national de la cinématographie n'encouragent en aucune façon les jeunes réalisateurs.

A Month in Thailand se détache d'autres films roumains récents. Comment s'inscrit-il dans le panorama cinématographique national ?
Je pense que la nouveauté est le sujet du film : il parle des jeunes. Il y a eu quelques films roumains sur des personnages jeunes, mais ils n'ont pas été bien accueillis par le public et la critique. La différence, c'est que je fais partie de cette génération et que je connais mieux ses réalités que les réalisateurs de ces films. Et il n'y a pas que moi : toute l'équipe qui a travaillé sur ce projet est très jeune. C'est un film fait par des jeunes, sur des jeunes et pour un public jeune. En plus, certains spectateurs rejettent les productions roumaines récentes, qu'ils trouvent trop sombres ou ancrées dans le passé. Qu'ils se détendent : A Month in Thailand est très différent.

Quels avantages et inconvénients y a-t-il à faire des films en Roumanie ?
Les avantages sont d'ordre économique. Faire des films en Roumanie reste peu coûteux, même si je suppose qu'il y a d'autres pays où c'est encore moins cher. Mais ici, il y a des professionnels expérimentés et il n'y a pas de syndicats. En termes de production, il est rentable de tourner en Roumanie. D'un autre côté, il n'existe aucune législation encourageant les producteurs à venir faire leurs films en Roumanie, comme dans d'autres pays qui accordent des soutiens et qui trouvent des moyens d'attirer les productions étrangères. Rien qu'une simple autorisation de tourner dans la rue est difficile à obtenir et onéreuse. Par ailleurs, en ce qui concerne nos productions nationales, le tournage en langue roumaine rend difficile leur circulation des films dans les autres pays. Et je ne vais même pas ouvrir le sujet du manque d'infrastructures pour la distribution des films en Roumanie...

Si vous aviez 10 millions d'euros, quel genre de film feriez-vous ?
Je ne peux pas imaginer une situation où on me donnerait 10 millions d'euros pour me laisser tourner tout ce que je voudrais. Si c'était le cas, je ne tournerais d'ailleurs probablement pas en Roumanie, car un film roumain avec des dialogues en roumain a peu de chances d'être distribué ailleurs à moins d'être très bien reçu dans des festivals importants. L'idée de faire un film commercial en Roumanie semble absurde, vu le petit nombre de cinémas où le projeter.

Avez-vous un nouveau projet ? Êtes-vous en écriture ?
Je viens de finir un court métrage à Sarajevo. C'est le deuxième volet de la trilogie sur l'eau commencée avec Horizon. J'espère tourner le dernier l'année prochaine, en Allemagne. Je n'ai pas encore pris de décisions quant à mon prochain long : je cherche encore des histoires. Je suis curieux de voir comme A Month in Thailand va être accueilli par le public roumain. S'il ne marche pas, cela signifie qu'il est impossible de faire un film à succès en Roumanie et alors, mon projet suivant sera plus radical.

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