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Hafsteinn Gunnar Sigurðsson • Réalisateur

“Il faut vraiment qu’on apprenne à faire des compromis”

par 

- VENISE 2017 : Cineuropa a rencontré le réalisateur islandais Hafsteinn Gunnar Sigurðsson, dont le troisième long-métrage, Under the Tree, a fait son avant-première dans la section Orizzonti

Hafsteinn Gunnar Sigurðsson  • Réalisateur
(© La Biennale di Venezia - foto ASAC)

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, qui est devenu un favori des festivals et a fait l’objet d’un remake américain (Prince Avalanche, avec Paul Rudd et Emile Hirsch), Hafsteinn Gunnar Sigurðsson a été intégré par Variety à sa liste annuelle des “Dix réalisateurs européens à suivre”. Le réalisateur islandais, né à Reykjavik, revient à présent avec un troisième long-métrage intitulé Under the Tree [+lire aussi :
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qui vient de faire son avant-première à Venise, dans la section Orizzonti. Interrogé par Cineuropa, Sigurðsson a parlé des disputes entre voisins, des personnages peu aimables et de la raison pour laquelle, aujourd’hui plus que jamais, il faut apprendre à faire des compromis.

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Cineuropa : On dit souvent qu’il est important de respecter l’ordinaire, mais dans Under the Tree, vous montrez qu’on n’est qu’à un pas du chaos total.
Hafsteinn Gunnar Sigurðsson :
Ce qui m’a intéressé dans ce sujet, c’était l’idée d’explorer les disputes entre voisins. Quand on y pense, elles ont souvent pour objet des soucis mineurs qui se mettent à prendre d’énormes proportions. Elles concernent des gens qui sont globalement “normaux” et respectables, comme vous et moi, ou comme vos parents, et pourtant ces gens en arrivent à perdre tout self-contrôle, voire leur dignité. Je trouve fascinant de voir comment des situations comme celles-ci arrivent à amener des personnes ordinaires à adopter des comportements aussi invraisemblables.

D’après vous, pourquoi les gens en viennent-ils à des comportements aussi absurdes ? Dans votre film, tout ce qui se passe, c’est qu’un résident demande à son voisin de tailler son arbre pour qu’il ne projette pas d’ombre sur son jardin à lui.
Les gens sont très sensibles quand il s’agit de leurs maisons. C’est leur territoire. “Personne ne va me dire ce que je peux faire ou pas chez moi” : voilà l’idée derrière tout cela. Alors quand soudain, ces limites ne sont pas respectées, on perd vite le contrôle de soi.

Under the Tree ne s’inspire pas d’un cas précis, mais les disputes de cet ordre sont assez communes en Islande. Si on a la chance d’avoir un arbre dans son jardin, évidemment qu’on ne veut pas s’en défaire. En même temps, on n’a pas beaucoup de soleil (rires). C’est un dilemme difficile à résoudre avec diplomatie. On peut aussi voir cette histoire comme une situation qui pourrait se présenter entre deux pays ou deux groupes ethniques. Quand on y pense, la guerre est souvent une dispute entre voisins, sauf que l’échelle est bien plus grande. 

Vous faites un usage très déstabilisant du son et de la musique.
Mon idée était de traiter le scénario comme celui d’un thriller, ce qui s’est avéré plus dur que je ne le pensais, parce qu’en effet, je parle du quotidien dans un quartier paisible. De fait, je voulais que la musique ailler plus loin, qu’elle ne fasse pas qu’accompagner l’image. Nous en avons beaucoup discuté, avec mon compositeur Daniel Bjarnason. Je voulais tenir un propos allant bien au-delà de la lettre et utiliser la musique pour préparer le spectateur émotionnellement à la fin, à laquelle il est possible qu’il ne s’attende pas. 

Le fait que les personnages ne sont pas franchement aimables faisait-il partie de vos intentions ? Car tout le monde est humainement assez endommagé là-dedans, d’une manière ou d’une autre.
J’ai malgré tout de l’affection pour eux, je les comprends, mais oui : dans l’ensemble, leurs actes ne les rendent pas vraiment aimables. C’est intéressant, quand on n’est pas d’accord avec des personnages ou avec ce qu’ils font. Ils prennent souvent de mauvaises décisions, et en même temps, je pense qu’on peut les comprendre. Parce que qui a raison dans ce film ? Celui qui veut couper l’arbre ou celui qui veut le sauver ? L’avis change selon les personnes, mais l’idée c’est qu’on a tous des défauts, et qu’il ne nous reste plus qu’à vivre avec et les faire siens, même si mes personnages vont un peu trop loin dans ce sens. Vivre en société, ou au sein d’une communauté quelle qu’elle soit, dépend de notre capacité à faire des compromis. Et si on n’en fait pas, alors oui, on peut en venir à faire des choses vraiment folles. 

Pensez-vous qu’un compromis est réellement possible ? Même du point du vue politique, il ne semble pas qu’on soit vraiment prêt à accueillir un autre être humain dans sa vie.
C’est un de nos plus grands problèmes, parce que du coup, on fait quoi ? Le message de ce film est peut-être tout simplement qu’il faut vraiment qu’on apprenne à faire des compromis. Il faut avoir de l’égard pour les autres, parce que ce manque constant de compréhension et de communication entre les gens s’avère de plus en plus problématique. Le problème de cette famille en particulier, c’est qu’ils ont vécu une grande tragédie et qu’ils n’arrivent pas à en parler. Les gens préfèrent garder leur distance. Ils balaient et cachent le tas de poussière sous le tapis jusqu’à ce que cela devienne impossible. Et c’est là que le vase déborde.

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(Traduit de l'anglais)

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