12/09/2017 - TORONTO 2017 : La scénariste et réalisatrice Aoife McArdle, originaire d’Irlande du Nord, nous parle de son premier film, Kissing Candice, présenté dans la section Découverte de Toronto

À travers ses collaborations avec des artistes tels que U2, Bryan Ferry, Jon Hopkins et James Vincent McMorrow, la scénariste et réalisatrice Aoife McArdle, originaire d’Irlande du Nord, a, acquis énormément d’expérience dans le domaine des clips musicaux. Son premier film, Kissing Candice [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Aoife McArdle
fiche film], a été dévoilé dans la section Découverte du Festival de Toronto. Cineuropa s’est entretenu avec elle pour parler du mélange des genres, du rôle des rêves et de ses influences cinématographiques.

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Cineuropa : Kissing Candice est une histoire d’amour inhabituelle, au moment du passage à l’âge adulte. C’est aussi un thriller et un film policier. Comment avez-vous commencé à écrire cette histoire et pourquoi le choix de ce sujet délicat ?
Aoife McArdle: Pour écrire mon film, je voulais m’inspirer des personnalités fascinantes, des endroits incroyables et des histoires sombres avec lesquels j’ai grandi en Irlande. J’aimais aussi l’idée que le film ne se réduise pas à un seul genre, mais soit un mélange entre le film sur le passage à l’âge adulte, le thriller, l’histoire d’amour, le film policier ; et même, par certains aspects, le film d’horreur. Pour moi, cette approche légèrement anarchique, plurielle, collait bien au caractère imprévisible des pensées et des vies des personnages encore jeunes. L’idée d’offrir à un public aux goûts variés différents niveaux de lecture du film me plaisait aussi.

Diriez-vous que les personnages du film reflètent la jeunesse irlandaise ou qu’ils sont simplement fictionnels ?
Cette histoire est inspirée de faits et de personnes réels, mais elle reste, au fond, de la fiction, c’est stylisé. En revanche, je crois que le désir de s’émanciper par son imagination, l’attirance au danger ou les désirs l est quelque chose que l’on a tous connu durant notre adolescence. Nous vivons surtout cette histoire à travers les yeux de Candice, une fille de 17 ans, et sa perception du monde est plus brouillonne et dystopique que fidèle à la réalité.

Les rêves sont-ils un moyen d’échapper à une réalité trop difficile, ou plutôt une mise en garde contre les menaces qui nous entourent ?
Les deux, je crois, du moins dans l’histoire que je raconte. Ils sont là pour offrir une lueur d’espoir lorsqu’on en a besoin, mais annoncent aussi la couleur de ce qui est à venir. 

D’un point de vue narratif, il y a des moments où la musique domine l’histoire. Il y a aussi les mouvements de caméra, qui suivent les personnages de manière très chorégraphiée. Dans quelle mesure votre expérience dans le milieu des clips musicaux vous a-t-elle influencée ?
Réaliser des clips musicaux m’a permis de beaucoup apprendre sur le plan technique et visuel. Je dois beaucoup à ce milieu, mais d’un autre côté, c’est un processus assez circulaire, car tous les clips que j’ai réalisés sont inspirés par le cinéma. J’ai passé mon adolescence à regarder autant de films que j’ai pu, des films venant du monde entier. Ce mouvement de caméra “chorégraphié”, je l’utilise car je suis persuadée que le cinéma doit être une expérience aussi immersive que possible, afin de plonger le spectateur dans le monde des personnages. Je me souviens avec beaucoup de précision de la première fois que j’ai vu La Soif du mal d’Orson Welles, où les films de Max Ophüls ou de Stanley Kubrick. J’étais captivée par l’utilisation magique de la caméra pour suivre les personnages. En même temps, j’ai toujours approché la musique de mes clips comme s’il s’agissait de bandes originales de films. La musique peut vraiment avoir un rôle primordial dans un film. Quelquefois, elle est inutile ou sous-exploitée, mais j’aime énormément la manière dont elle peut être utilisée pour souligner différents éléments, atmosphères ou émotions. Ou pour changer complètement l’interprétation d’une scène. C’était vraiment incroyable de pouvoir travailler avec le compositeur très talentueux de Kissing Candice. Il a beaucoup contribué au résultat final du film. Cela change de ce qu’on peut voir habituellement.

(Traduit de l'anglais)