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Etude de cas : Persepolis

par 

- Marc Jousset, directeur technique et producteur exécutif du film d’animation Persepolis, écrit et réalisé par Marjane Satrapi et Vincent Parronaud, explique le succès remporté par le film.

Ancien directeur financier de France 3 Cinéma, Marc-Antoine Robert travaille dans le monde du cinéma depuis 10 ans. En 2004, il a fondé la société 2.4.7.Films avec Xavier Rigault. Persepolis est leur première réalisation. Le film a remporté le prix du jury au festival de Cannes en 2007 et a été vendu dans le monde entier.

En 1996, Marc Jousset a fondé le studio « Je suis bien content » avec Franck Ekinci. Directeur polyvalent, Marc Jousset réalise tout type de productions : des spots publicitaires aux films institutionnels. En parallèle, il développe ses propres projets et supervise la réalisation de courts métrages au sein du studio JSBC. De 2005 à 2007, il a été directeur technique et producteur exécutif du film d’animation Persepolis, écrit et réalisé par Marjane Satrapi et Vincent Parronaud. Pouvez-vous nous expliquer les différentes étapes de la production de Persepolis ?
Il s’agit d’un film complètement atypique et original. On se retrouvait avec le pitch le moins glamour du monde, un film d’animation en noir et blanc qui raconte l’histoire d’une jeune iranienne et destiné aux adultes. Mais puisque nous avions un excellent scénario, nous avons décidé de l’envoyer tel quel, et ça a marché. On a pu financer les 6 millions d’euros assez facilement, compte tenu du challenge que ça représentait. Et la production du film a duré 14 mois ce qui est vraiment très court.

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Pour la réussite de cette entreprise, vous avez misé sur le Festival de Cannes ?
Comme il s’agissait d’un film très particulier, nous avons décidé de ne pas communiquer : black out total. Trois mois avant la sélection pour le Festival de Cannes, nous avons juste communiqué dans 2 journaux prestigieux, le New York Times et Télérama, dont a eu la couverture. Ensuite, malgré l’impact très fort et les demandes d’interviews, nous avons résisté à la tentation, et nous avons maîtrisé notre communication. L’idée étant de créer une attente, un désir et un mystère autour de Persepolis. A Cannes nous avons continué cette stratégie. Comme nous savions qu’on avait un film qui se démarque, on a organisé une projection unique à 16h, ce qui n’est vraiment pas dans les habitudes. L’idée était de créer le "buzz" autour du film. D’ailleurs on ne s’était heureusement pas trompé, puisque le film a été applaudi pendant 25 minutes à l’issue de la projection, et est devenu un véritable évènement.

Et vous avez poursuivi cette communication de façon originale ?
On s’est posé la question de savoir quel était notre « cœur de cible ». Il s’agissait d’une part des personnes qui avaient déjà lu Persepolis et d’autre part d’internautes qui, via Myspace, avaient fait vivre le film, en créant un "buzz" sur internet. Le lendemain de la projection à Cannes, nous avons organisé des avant premières dans beaucoup de villes de France où nous avons invité des libraires, des lecteurs et les internautes les plus actifs. Et le bouche-à-oreille a fait le reste.

Quelle a été votre stratégie à l’international ?
Tout a démarré à Cannes en 2006. Nous avons réussi à faire une prévente au studio américain Sony Classics sur base uniquement du scénario, ce qui est extrêmement rare. Quand les autres acheteurs potentiels l’ont su, nous avons eu beaucoup de demandes, mais on leur a fixé RDV à Cannes pour l’année suivante, en 2007. J’ose à peine imaginer la situation si on n’avait pas été sélectionné par le Festival. Toute la stratégie reposait sur cela. Et cela a marché, parce que 24h après la projection en 2007 à Cannes, on avait vendu les droits du monde entier.

Comment s’est faite la fabrication du film ?
Nous avons décidé de tout faire à Paris, la fabrication s’est faite de A à Z dans notre petit studio dans lequel nous avons dû créer une structure plus importante. La tendance est à délocaliser le travail d’animation, nous avons fait le chemin inverse. Nous avons recruté et formé des gens talentueux qui sortaient des écoles, des Beaux Arts, …
On a pris le parti de faire un film d’animation, mais envisagé sous la forme d’un film de fiction à part entière. Donc on a fui tous les clichés du film d’animation ; le travail de montage a été essentiel pour donner du rythme. On avait un scénario avec beaucoup de dialogues et assez statique. Nous avons redynamisé le script avec un découpage atypique en animation, avec des personnages qui parlent en off, des phrases coupées, …

Quelle a été votre option pour la technique d’animation ?
Nous avons écarté immédiatement le style « cartoon » qui était complètement hors propos, nous ne voulions pas de déformation de visages, et clairement nous nous sommes dirigés vers une animation réaliste, mais très stylisé graphiquement. Beaucoup de travail a concerné la recherche pour faire bouger les personnages ainsi que la finalisation des images. Nous avons essayé plusieurs techniques d’animation, la 3D, la 2D sur palette graphique, mais nous n’avions pas l’assurance d’avoir une maîtrise totale des personnages et de leur apparence, donc nous avons opté pour la 2D traditionnelle. Nous avons pu hiérarchiser très fortement notre image avec des personnages en noir et blanc très contrastés et des décors plus dans les gris et dans la matière.

Quelle a été l’implication de Marjane Satrapi ?
Elle était là en permanence ce qui nous a permis de prendre des décisions rapides et efficaces. Marjane ne connaissait pas le métier d’animation, mais elle s’est plongée entièrement dans la fabrication du film, avec l’énergie et le caractère qu’on lui connaît. C’est elle qui a créé les 600 personnages, elle tenait absolument à garder une authenticité des personnages et un véritable respect par rapport à des personnes qu’elle avait connu.

Vous avez réussi à réunir un casting voix assez impressionnant…
C’est une fierté pour nous d’avoir des voix comme celle de Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni, Danielle Darrieux et Gabrielle Lopez. Vu les réactions qu’on a eu sur cet aspect du film, on s’est rendu compte qu’on ne s’était pas trompé !

Master Potsdam, Allemagne, Novembre 2007

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