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Nuri Bilge Ceylan • Réalisateur

Il était une fois en Anatolie : "C'est peut-être un western turc"

par 

- Primé à Cannes, Il était une fois en Anatolie de Nuri Bilge Ceylan est une sorte de western turc inspiré de souvenirs réels

Il était une fois en Anatolie [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, inspiré à Nuri Bilge Ceylan par des souvenirs réels, présenté en compétition à Cannes et récompensé du Grand Prix du jury, est un film spirituel mais au rythme mesuré sur la procédure policière, par le plus subtil des réalistes lyriques de Turquie. Ceylan a évoqué pour Cineuropa la manière dont il a abordé le sujet.

Cineuropa : Vous avez grandi dans une zone rurale très semblable à celle du film. Ce que vous montrez dans le film s'inspire-t-il de souvenirs d'enfance ?
Nuri Bilge Ceylan : Je connais très bien ces gens parce que mon père était l'un d'eux, un bureaucrate de province, et comme dans le cas de deux des personnages principaux, la vie pour eux est une vraie lutte. Ils doivent se séparer des communautés locales, parce que quand on est juge, par exemple, il est difficile d'être objectif avec quelqu'un qu'on connaît très bien. De fait, ils ne se lient qu'entre eux, ce qui donne lieu à des luttes de pouvoir à travers lesquels chacun essaie d'humilier les autres.

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Cependant, le film n'est pas basé sur mes souvenirs, c'est plus que ça. Mon co-scénariste a aussi fait partie de ces gens. Il est médecin, or en Turquie, quand on obtient sa licence de médecine, il faut passer au moins deux ans dans des coins reculés de l'Anatolie. Il a donc travaillé dans le village qu'on voit dans le film, et a vécu des choses identiques à ce qui arrive dans le film : un meurtre est survenu et tout le monde a passé la nuit à chercher le corps.

Se souvient-il mieux de ce qui s'est passé que le meurtrier dans le film ?
Pas vraiment. Il ne se souvenait pas de la raison du meurtre ni de l'endroit exact où le corps était enterré, mais il se rappelait l'atmosphère. La plupart du temps, ce dont on se souvient n'arrive pas jusqu'aux pages d'un scénario, alors on a changé beaucoup de choses en écrivant, et puis nous avons récrit de nouveau, en citant certaines histoires de Tchékov.

Votre film est comme une variation sur le genre du film noir, avec beaucoup d'éléments bavards amusants.
Je ne sais pas si c'est un film noir, ou quelque chose comme ça. Nous avons juste tenté d'être aussi réalistes que possible. Nous n'avons pas non plus essayé d'être drôles, mais parfois la vraie vie peut être très drôle.

Le titre renvoie aussi au western, de même que la structure du film.
Le titre est une vraie citation de ce qu'a dit un des chauffeurs dans la vraie histoire, et bien que j'aime Sergio Leone, il n'y a pas de référence à lui dans ce film. C'est peut être un western turc, mais je n'y avais pas pensé.

Le film se termine sur une décision très douteuse du personnage principal. Qu'est-ce qui l'amène à prendre cette décision ?
J'ai au moins cinq raisons, mais je ne peux pas vous dire lesquelles. J'ai soigneusement mis ces cinq raisons dans le film ; il faut user de votre imagination. C'est comme ça que la vie fonctionne, d'ailleurs : on obtient des informations, on rassemble les détails et on essaie d'imaginer la conclusion.

Vous dîtes que vous avez fait votre possible pour rester réaliste, et pourtant on voit le tueur imaginer sa victime encore vivante au moment où on cherche le corops, et ensuite les gens disent que son fantôme hante la ville.
Quand le tueur voit la victime, c'est en rêve, or les rêves font partie de la vie, ils sont réalistes. Quant aux villageois qui parlent du fantôme, ils font ce qui se fait toujours dans ce genre de bourgades après un meurtre : c'est aussi un aspect de la réalité, même si c'est juste une réalité provinciale. Les villageois adorent les idées mystiques et en parlent constamment. J'ai d'ailleurs tourné beaucoup de scènes dans cette veine, mais le film était assez long comme ça.

Le film est riche en dialogues, qui sont le plus souvent des conversations insignifiantes, ce qui donne l'impression que vous vous souciez beaucoup de ce que ces gens ont à dire.
Oui, les villageois sont très différents, pour moi. Ils montrent un autre côté de la vie, on apprend beaucoup d'eux. Quand on reste toujours en ville, on manque quelque chose d'important dans la vie.

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