18/03/2003 - Le webzine de Cinergie a interviewé le directeur général du Fonds régional Wallimage en lui demandant d'expliquer le système particulier des aides régionales

Créé à Mons voici deux ans à l'initiative de la Région wallonne, le fonds régional Wallimage a pour mission de soutenir les productions tournées en Wallonie. Le webzine belge «Cinergie» a interviewé son directeur, Philippe Reynaert.

Qu'est-ce que les aides régionales au cinéma?
«Il s'agit d'un mouvement assez récent d'implication des régions dans la production cinématographique. Jusqu'il y a une douzaine d'années, les pouvoirs publics considéraient le cinéma uniquement d'un point de vue national. Les choses ont progressivement évolué avec la prise de conscience de la dimension économique du cinéma. C'est l'Allemagne qui a inauguré le mouvement en lançant l'idée de fonds régionaux dans les "landers". Il faut qu'il y ait un peu partout en Europe d'une part, une réflexion d'aide et de soutien en terme de culture et d'autre part, une réflexion sur le financement en terme d'économie et d'infrastructure. En Belgique, le mouvement est récent avec la création de Wallimage. Cela reste un exemple isolé puisque si la Région flamande s'implique dans son cinéma, elle en a confié la gestion à la Communauté flamande et que la Région bruxelloise est complètement absente du débat. Il y a quelques mois, j'ai été invité en Italie afin d'y exposer le modèle Wallimage et la région des Pouilles a décidé de lancer un fonds. C'est quelque chose de nouveau car, jusqu'ici, l'Europe était coupée en deux au niveau des aides régionales: le Sud possédait une tradition de bureaux d'accueil de tournages qui sont des aides logistiques et touristiques des régions, tandis que le Nord comportait des fonds d'intervention économique».

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Le rôle du Ministère de la Culture restant un garant artistique pour les films, voyez-vous des alliances régionales s'établir?
«Dès que j'ai pris la direction de ce fonds régional wallon, j'ai embrayé sur l'idée de découvrir les autres fonds régionaux en Europe et de mettre en route une coordination entre eux. Si on veut maintenir un équilibre des forces dans le monde, on a intérêt à avoir une Europe qui existe vraiment, ce qui n'est pas le cas pour l'instant. Chaque pays isolé ne peut pas résister au raz-de-marée américain. Il faut donc imaginer des stratégies pour les industries culturelles à l'échelle européenne. Et de manière très concrète, cinq fonds régionaux viennent de se regrouper pour rentrer un projet en ce sens après des autorités du Feder (Fonds des régions européennes). Nous avons demandé une aide afin de créer une coordination qui permette au minimum d'échanger nos expériences et d'évaluer nos pratiques respectives, sans pour autant gommer les particularités de chacun. Les fonds participants sont hollandais, wallon, allemand, autrichien et celui des Pouilles en Italie. Ces cinq fonds ont rentré un plan "Interreg" (inter-régional) qui devrait nous permettre d'avoir plus de moyens pour organiser des rencontres entre les différents fonds régionaux. Je pense qu'il s'agit là d'une vraie voie d'avenir pour le financement du cinéma».