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Christine Dollhofer • Directrice du festival Crossing Europe

"C'est pour le côté humain qu'on va aux festivals - tout ça, c'est à propos des gens"

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- À l'occasion du festival Crossing Europe, Cineuropa a rencontré sa directrice, Christine Dollhofer, pour discuter, entre autres, de la place de l'événement dans le panorama autrichien des festivals

Christine Dollhofer  • Directrice du festival Crossing Europe

Christine Dollhofer dirige le Festival du film Crossing Europe de Linz, en Autriche, depuis sa création, en 2004. Avant cela, elle était la directrice artistique de Diagonale, dédié au cinéma national. Crossing Europe, qui met l’accent sur les jeunes cinéastes des quatre coins du Vieux Continent à leur premier ou deuxième film, est apprécié pour son ambiance détendue et son organisation méticuleuse. Cineuropa a rencontré sa directrice pour l’interroger sur les plus grandes innovations de cette édition (dont les thèmes centraux étaient l’identité et la politique, et l’agitation sociale) ainsi que sur ce qui fait que Crossing Europe se démarque des autres festivals de cinéma autrichiens.

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Cineuropa : Quelles étaient cette année les grandes nouveautés du festival ?
Christine Dollhofer : Pour moi, la nouveauté la plus importante a été le fait de pouvoir réunir pour l’ouverture des cinéastes du renom de Yesim UstaogluVitaly ManskyAnka and Wilhelm Sasnal et Lucas Belvaux. À eux cinq, ils représentent qui plus est un bel échantillon européen, de la Turquie à la France en passant par l’Ukraine et la Pologne. Chacun à sa manière, les films qu’ils sont venus présenter parlent de l’Europe d’aujourd’hui et des problèmes politiques complexes dont souffre notre continent. La deuxième grande nouveauté de cette édition était l’apparition d’un programme pour les écoles, qui a très bien marché.

De combien de personnes se compose l’équipe de sélection ? Comment procède-t-elle pour élaborer des sélections qui correspondent au thème général de chaque édition ? 
C’est moi qui suis principalement en charge de la programmation. Nous sommes un festival de taille moyenne ; notre budget n’est pas assez élevé pour employer de nombreux curateurs pour nos différens programmes. C’est donc moi qui choisis le gros du programme. Je réunis des idées et vois beaucoup de films toute l’année. Je vais aussi à de nombreux festivals, pour mes autres emplois – je suis déléguée à la programmation pour San Sebastian et travaille aux acquisitions pour une société de distribution autrichienne. 

Une ombre plane sur le financement de Crossing Europe depuis quelques années. Où en est la situation ? 
Elle est plus stable maintenant. Notre budget est d’environ 560 000 euros. Si on compare avec d’autres festivals autrichiens, bien sûr, la Viennale a un bien plus gros budget. Même Diagonale, dédié au cinéma national, a un budget de presque 1,5 million d’euros. Cependant, depuis le début, presque tous nos donateurs principaux aiment beaucoup l’idée de bâtir un événement consacré au cinéma européen à Linz. La ville a été Capitale européenne de la Culture en Culture en 2009, ce qui nous a vraiment aidé à nous établir. Après 2009, évidemment, maintenir le budget n’a pas été évident, mais le festival et les attentes qu’il suscite continuent d’aller croissant, de sorte qu’il est important pour nous de proposer aux invités et au public un rendez-vous très professionnel réunissant tous les éléments auxquels ils sont habitués.

Qu’est-ce qui distingue Crossing Europe des deux autres grands festivals autrichiens – la Viennale et Diagonale ?
Nous sommes un pont entre le cinéma mondial et la production nationale. La Viennale est un festival très connu et prestigieux, dont le programme est constitué de films du monde entier triés sur le volet, tandis que Diagonale réserve toute son attention aux (co)productions du cru et à l’industrie du film autrichienne, mais couvre de fait un vaste éventail de genres, du cinéma expérimental aux longs-métrages de fiction. Je pense que ce qui nous manquait, ici en Autriche, c’était un festival européen, donc j’aime beaucoup l’idée de combler ce manque.

Est-ce que vous prévoyez d’élargir le volet industrie de Crossing Europe en lui ajoutant des forums de pitching, etc. ?
Pour moi, il y a déjà tellement d’excellents rendez-vous de l’industrie en Europe, qui sont très bien organisés, qu’il serait difficile de rivaliser. De fait, je ne vois pas de nécessité à créer une plateforme de pitching ou un forum pour les projets en cours de plus. J’apprécie trop pour cela le travail que font mes collègues dans ce domaine. Au-delà de ça, je n’ai pas envie de scinder notre public entre les professionnels et les particuliers. Pour prendre mon cas en exemple, quand je vais à un festival, ce que je veux avant tout, c’est voir des films, donc avoir d’autres possibilités m’oblige à diviser mon temps et ménager mes différents intérêts – parce que c’est bien aussi, d’aller voir des présentations de projets en cours. Je crois que la taille de notre festival à son charme, et ça me permet de rencontrer tous les invités au moins une fois pendant les six jours. Et puis j’aime vraiment l’idée que nous formons une famille, une famille qui s’agrandit. Comme vous pouvez le voir en salle, ici, 50% du public est constitué de particuliers, 50% de participants accrédités (industrie, presse, curateurs), et j’ai envie d’offrir de belles découvertes aux deux groupes. C’est important de créer une bonne atmosphère pour les interactions, c’est le but du jeu. C’est pour le côté humain qu’on va aux festivals – tout ça, c’est à propos des gens.

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(Traduit de l'anglais)

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