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BIOGRAFILM 2018

Tea Falco • Réalisatrice

"Je voulais montrer le meilleur de ma Sicile"

par 

- L'actrice Tea Falco fait ses débuts derrière la caméra avec le docufiction Ceci n'est pas un cannolo, qui a fait son avant-première au festival Biografilm de Bologne

Tea Falco • Réalisatrice
(© Biografilm)

Un voyage à travers la Sicile la plus authentique doublé d'une quête du sens de la vie : c'est ce que propose Tea Falco, 31 ans, photographe, performeuse et actrice originaire de Catagne (découverte par Bernardo Bertolucci dans Moi & Toi [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
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), dans son premier film en tant que réalisatrice, un documentaire qui mélange réalité et fiction, science et Dieu. Ce travail constitue, à partir d'une série d'interviews parcourant vingt catégories humaines (philosophe, femme au foyer, playboy, abuseur de stationnements irréguliers, prostitué transsexuelle, Adam et Ève, pour n'en citer que quelques unes), une expérience anthropologique surréaliste jusqu'à son titre à la Magritte : Ceci n’est pas un cannolo [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Tea Falco
fiche film
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. Ce travail, parti du projet Eye on Films, qui soutient sur le marché international les premiers films européens distinctifs, a fait son avant-première mondiale au 14e festival Biografilm de Bologne. Il sera diffusé sur Sky Arte le 29 juin, simultanément à sa sortie en salle dans plus de 10 chefs-lieux italiens. Les ventes internationales du film sont assurées par la société parisienne Wide House.

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Cineuropa : Travail, amour, immigration, Jésus... On parle de beaucoup de choses différentes dans votre documentaire. Quelle est la première question que vous posiez aux personnes que vous avez interrogées ?
Tea Falco : Je leur demandais quel était le sens de leur vie. D'autres fois, je me suis limitée à montrer leur quotidien, comme dans le cas de mère et la fille au début du film, et à les laisser exprimer librement leurs idées et points de vue, leur âme. L'écriture a été libre. Ce n'est pas un documentaire pur ni un film de fiction : c'est un travail qui unit les deux. Je me suis beaucoup amusée à entrer dans les maisons de ces gens et à parler avec eux.

Quel est le point de départ qui vous a amenée à réaliser ce film ?
Je viens de la photographie donc mes références, ce sont des photographes de reportage comme Bresson, Doisneau, Arbus, qui photographiait les freaks. Les moments de vie quotidienne m'ont toujours intéressée. Déjà, à 20 ans, en photographiant les gens dans la rue, j'avais en tête de faire un projet en forme de typologie sur les différentes catégories humaines. Je voulais décrire l'âme humaine avec toutes ses facettes, et chercher à travers celle-là le sens de la vie. Dans le film, je l'explique à travers des théories de physique quantique : on dit en effet que l'observateur influe sur le réel, et que nous sommes tous reliés les uns aux autres, que tout part d'une trame qui nous réunit et qui nous rend d'une certaine manière immortels : Dieu, c'est nous. Adam et Ève, dans les scènes fictionnelles, se disputent à propos du fruit du péché : était-ce une pomme ou une poire ? Déconstruire la signification du mythe de la genèse de manière ironique m'a permis de me demander quel était le point de vue adopté.

Comment avez-vous sélectionné les 20 personnes interviewées ?
J'ai fait des repérages pendant un an à travers toute la Sicile. J'ai abordé certaines personnes de manière un peu rude, parce que leur visage m'avait plu dans la rue. D'autres personnes du film font partie de ma vie : mon père, par exemple, qui raconte l'histoire des graines de tomates, ainsi que le latin lover de Catagne, que je connais depuis 13 ans, ou encore le physicien théoricien. Le fil qui relie ces gens, c'est qu'ils vivent de manière alternative, qu'ils ne sont pas conformes à la société.

Le film offre aussi un portrait de la Sicile qui est loin des stéréotypes. Cela faisait-t-il aussi partie de vos intentions ?
Je voulais représenter le meilleur de ma Sicile, surtout à travers les vieilles générations. J'interviewe peu de jeunes dans le film car ma génération, je crois la connaître très bien, et ça ne m'intéresse pas d'en faire le tableau. Ma référence principale, c'était 2 ou 3 choses que je sais d'elle de Godard, un travail d'expérimentation documentaristique et filmique sur le Paris de l'époque, alors que la ville allait vers la mondialisation. Dans ce sens, pour moi, la Sicile n'a pas encore été mondialisée du tout. Comme tout le Sud, elle a une culture ancienne, elle est libre des règles, très naturelle. En faisant ce film, je l'ai découverte pour la première fois et digérée. Je n'avais jamais parcouru ainsi toute l'île.

Vous vous êtes entourée pour faire ce film de collaborateurs illustres : Marco Spoletini, le monteur de confiance de Matteo Garrone ; Fabio Cianchetti, qui a été directeur de la photographie pour Bertolucci et qui a remporté six David di Donatello ; Martin Hernandez, nominé aux Oscars pour le montage sonore de Birdman. Comment les avez-vous convaincus ?
J'ai rencontré Fabio Cianchetti sur le tournage de Moi & Toi. Il a tout de suite adhéré au projet, et nous avons décidé ensemble d'adopter un style de photographie plus cinématographique que documentaristique. Quand j'ai envoyé le projet à Marco Spoletini, il a été frappé par sa valeur artistique et culturelle. Quant à Martin Hernandez, je l'ai rencontré à un festival, au Mexique. Il a vu mes photographies et elles lui ont plu. Il m'a dit que des projets vraiment personnels, il y en a tellement peu qu'il faut se fier à ceux qui s'y essaient. Et il s'est bel et bien fié à moi.

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(Traduit de l'italien)

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