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SXSW 2022

Antonia Campbell-Hughes • Réalisatrice de It Is in Us All

“Je pense, personnellement, que tout ce qu’on écrit doit venir d'une vérité”

par 

- L’actrice nord-irlandaise a présenté son premier long-métrage, un thriller psychologique interprété par Cosmo Jarvis, à SXSW, ce qui lui a valu un prix

Antonia Campbell-Hughes • Réalisatrice de It Is in Us All

Pour faire le thriller psychologique It Is in Us All [+lire aussi :
critique
interview : Antonia Campbell-Hughes
fiche film
]
, Antonia Campbell-Hughes a non seulement endossé le rôle de réalisatrice, mais aussi celui d'interprète. Nous l’avons interrogée sur ses liens avec l’Irlande du Nord et son inspiration pour cette histoire. Le film vient de faire sa première au festival SXSW, où il a reçu une Reconnaissance spéciale du jury pour une vision cinématographique extraordinaire destinée à toute son équipe et à ses acteurs.

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Cineuropa : Qu'est-ce qui vous a inspiré cette histoire ?
Antonia Campbell-Hughes :
Une combinaison de facteurs. Personnellement, je pense que tout ce que nous écrivons doit venir d’une vérité. Je suis née là-bas, en Irlande du Nord, mais j'ai quitté le pays quand j’avais deux ans, pour n'y retourner que dans ma vingtaine. J’ai grandi avec une idée particulière de ce que représente l'Irlande du Nord, mais quand on va là-bas en avion et qu’on prend un bus, soit de Belfast, soit de Derry, jusqu’au Donegal, qui est à deux heures, pour moi on a vraiment le sentiment unique de pénétrer un endroit complètement différent. C’est tellement émouvant, comme paysage. Je voulais vraiment transmettre cela.

Ensuite, en passant du temps là-bas, j’entendais toujours des histoires sur ces gamins qui prennent des voitures et conduisent où ils veulent, puisqu’il n'y a grosso modo rien d’autre à faire. Il y a beaucoup d'accidents de voiture affreux là-bas, tout le temps ; c’est vraiment tragique. J’ai vu des enfants qui font l'effet de former une tribu : ils sont si puissants et si forts dans leur manière de n'avoir jamais froid aux yeux. Il leur manque la maturité pour contrôler cet élan impérieux qu'ils ont de se sentir exister et de défier la mort. J’étais tellement fascinée par ça, et par le contraste avec les hommes que je vois dans les villes, qui n’ont pas, ancrée en eux, cette vitalité, cette vie, mais qui ont tout le reste.

Dans quelle mesure le titre du film se rapporte-t-il à cela ?
Parce que ce trait essentiel qui définit ces gamins est en chaque être humain, sauf qu'on y renonce. Il est remplacé par l'instinct de survie qui vient avec le commerce, le travail et, au bout du compte, la vie. J’ai choisi cette formulation spécifique parce que je voulais que les gens réfléchissent à chaque mot individuellement, au lieu d'abréger les termes du titre, parce que c'est nécessaire. C’est difficile à prononcer, c’est intentionnel.

Comment avez-vous développé les personnages principaux ?
Pour les garçons, je me suis inspirée d’une photographe que je suivais depuis un moment. C’est une jeune fille qui prenait des photos de sa famille, documentant le Mid-West. Ses photos évoquaient pour moi le type d’énergie que j’ai vue dans ces gamins qui montent à cheval dans la campagne, c’est une énergie très brute. Hamish, le personnage principal, est un des hommes que je vois tous les jours. En les mettant ensemble, je voulais montrer comment les gens peuvent se connecter les uns aux autres dans des moments tragiques. Les traumatismes nous relient, on voit ça tous les jours : les barrières tombent dès que les gens vivent ensemble un moment très explosif.

Comment avez-vous choisi l’acteur qui allait jouer le rôle principal ?
J’avais déjà travaillé avec Cosmo sur une émission où nous jouions tous les deux, il y a des années. Juste en le regardant, je me suis rendu compte que c’était mon genre d’acteur. J’ai su d’emblée qu’il serait parfait pour le rôle. Au-delà de ses compétences, je suis touchée par les acteurs qui laissent entrevoir des parties de leur âme.

N’a-t-il pas été difficile pour vous de jouer dans le film et en même temps de le mettre en scène ?
Si ! J'y ai beaucoup réfléchi. Beaucoup d'acteurs sont devenus réalisateurs, mais je pense qu'on est fait pour réaliser ou pas dès le départ. Je m'intéresse beaucoup aux concepts, et à l'idée de trouver un outil pour les matérialiser et les communiquer. Au bout du compte, c’était une question d'économie, mais une fois sur le plateau, ça n'a pas été facile. Je me sentais distraite. J'ai vraiment l'impression que les deux tâches occupent des zones différentes du cerveau. En tant qu’actrice, je suis un véhicule ; je suis censée être ouverte, parce que c’est physique, et qu'il faut servir la vision d’une autre personne. Mais en tant que réalisatrice, on est constamment dans sa tête ; on essaie constamment de regarder et d’aider les autres.

Comment avez-vous développé votre approche esthétique pour ce film ?
Les visuels, c'est ce qui m'est venu en premier : à vrai dire, c’était le personnage principal du film. Il m'est arrivé de dire que ce film était de la science-fiction dans un contexte pastoral. Ces paysages évoquent ce sentiment en moi, ce sentiment de dislocation et de déconnection. Dans ce contexte, la maison devait être au centre de tout, comme un vaisseau-mère dans l’espace. C’est un endroit où entre le personnage et soudain, l'air même change. J’ai dessiné le plan de la maison et sa configuration dans le détail. Par ailleurs, nous avons délibérément choisi de ne pas utiliser de drones ou de grues, parce qu’il était important de sentir le mouvement des voitures.

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(Traduit de l'anglais)

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