email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

République tchèque / Slovaquie / Allemagne

Tomáš Mašín • Réalisateur de Brothers

"J'ai conçu ce projet plus comme une expérience cinématographique qu'une simple exploration ideologique"

par 

- Le réalisateur tchèque nous parle des personnages féminins et du mélange différents genres de son film, choisi pour représenter son pays aux Oscars

Tomáš Mašín  • Réalisateur de Brothers

Le réalisateur tchèque Tomáš Mašín évoque pour Cineuropa le parcours long d’une décennie qu'a nécessité la création de Brothers [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Tomáš Mašín
fiche film
]
, qui relate l'audacieuse fuite des frères Mašín qui ont quitté le bloc soviétique pour l'Ourest, en soulignant le glissement vers un récit plus centré sur les personnages et l’action, et sur le rôle capital que jouent ici les personnages féminins. Il nous parle également du jeu qui s'établit ici très naturellement entre différents genres cinématographiques. Brothers a été choisi pour représenter la République tchèque dans la course aux nominations pour les Academy Awards 2024.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Cineuropa : Il vous a fallu une décennie pour faire ce film, qui a évolué de manière significative au fil des ans. L'accent s'est notamment déplacé davantage sur les personnages féminins, dans un contexte historique dominé par les hommes. Comment ce changement est-il survenu  ?
Tomáš Mašín
: Ce changement a procédé d'une reconnaissance du rôle courageux qu'on joué les femmes de la famille Mašín aux côtés des hommes, dans le moment historiquement tumultueux que dépeint notre film. Face à l’adversité, les personnages masculins ont une énergie agressive, alors que les femmes dégagent une force calme et résolue. Ce contraste dans la manière dont hommes et femmes réagissent à l'adversité, tout en faisant preuve du même courage, m'a intrigué et donné envie d'explorer plus en profondeur la perspective féminine dans notre récit.

Vous avez mentionné que vous vouliez éviter de composer un tableau purement idéologique du contexte politique de l'époque pour privilégier un récit plus riche en action, plus dramatique et porté par les personnages. Pourquoi ?
Dès le début, je concevais ce projet comme une expérience cinématographique plus qu’une exploration purement idéologique. L’histoire est chargée d’action, de coups de théâtre et de personnages qui ont une vraie épaisseur, le tout avec pour toile de fond l'histoire d'une famille qui subit deux régimes totalitaires en une décennie. Pour moi, cette approche permet de se rapporter davantage au récit et le rend plus captivant pour le public, car elle facilite son immersion dans le parcours personnel des personnages à l'intérieur de ce contexte historique. 

Le film traverse différents genres cinématographiques : c’est un récit historique, un film d’action, et vers la fin, ça devient une histoire de survie. Ce mélange des genres est-il le fruit d’un choix délibéré ou le résultat d'une évolution qui s'est faite naturellement pendant le développement du film ?
Le mélange de genres est venu naturellement à mesure que l'histoire a évolué. Chaque genre offre un prisme différent à travers lequel le public peut se rapporter à l’histoire, qu'il s'agisse du contexte historique, des séquences d’action ou de la démonstration d’endurance humaine mise en avant dans l’aspect récit de survie de l'histoire. Cette combinaison de différents genres enrichit la narration.

L’authenticité historique du récit, juxtaposée à la volonté de réaliser un film d'action, présente un challenge pour le narrateur : comment avez-vous maintenu l'équilibre entre le respect des faits historiques et la confection d'un récit captivant et riche en action ?
La clef était de ne jamais laisser les faits historiques faire de l’ombre aux histoires personnelles de nos personnages. Si le contexte historique fournit une riche toile de fond à l'intrigue qui se déploie, le coeur du film est l’endurance humaine, le courage et l’élan indomptable de se dresser contre l’oppression même si on a peu de chances de prévaloir. Les scènes d’action et les tournants dans l'intrigue permettent de propulser le parcours des personnages vers l’avant, et au public d'être happé de manière plus viscérale, tout en restant bien ancrés dans la vérité historique de cette époque.

L’objectif de votre film, comme vous l’avez mentionné, n'est pas de glorifier ou de calomnier, mais d'humaniser les héros, Ctirad et Jozef Mašín, et leurs amis dans leur rébellion. Comment vous êtes-vous assuré d'obtenir un tableau équilibré des choses, sans jamais basculer ni vers la vénération du héros, ni vers la critique excessive ?
L’objectif était de les décrire comme des gens ordinaires, amenés à agir dans des circonstances extraordinaires. Le film parle d’une famille qui veut rester ensemble malgré la pression multiple exercée de l'extérieur. L'idée n'est pas de contrer les idéologies ou de peindre un tableau adulateur qui serait faux. Je voulais que les personnages fassent authentiques, que le public les voie comme des individus normaux confrontés à des situations anormales. En usant de cette approche, je voulais inviter à une appréhension plus nuancée et teintée d'empathie de leurs actes et du contexte historique dans lequel ils se sont produits.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy