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Cristina Comencini • Réalisatrice

Entre amour et tyrannie

par 

Cristina Comencini, fille du grand cinéaste Luigi, scénariste et auteur de romans qui a huit films à son actif, est à présent candidate à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère avec La bestia nel cuore [+lire aussi :
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fiche film
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, ce qui fait d'elle la première réalisatrice italienne à concourir à Hollywood depuis1976, date où Lina Wertmuller, avec son film Seven Beauties, est devenue la première femme à être nominée et pour son travail de réalisation et pour son talent d'actrice.

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Cineuropa: Cette nomination s'est faite dans la douleur, après la polémique suscitée par l'exclusion de Private [+lire aussi :
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, de Saverio Costanzo.

CC: Mais nous y sommes arrivés, contre tous les pronostics, et cela a été une grande surprise, compte-tenu du peu de moyens dont nous disposions pour la campagne de promotion. Le mérite en revient avant tout au film. J'ai bien constaté l'enthousiasme du public américain lors des projections, mais je n'en croyais pas mes oreilles.

Le film est tiré d'un roman dont vous êtes l'auteur. Comment en êtes-vous venue à aborder un thème aussi délicat que l'inceste?
J'ai lu un article de journal qui racontait qu'après avoir subi des violences pendant leur enfance, deux personnes ont pu faire leur vie et devenir des adultes normaux. Cela m'a frappée parce qu'en général, on s'imagine que telle violence rend tout futur et tout retour à la vie quotidienne impossibles. Ce n'est pas le cas. Le thème a pris de l'ampleur et je l'ai finalement rattaché à ce qui me tient à coeur, à savoir la contradiction entre la nature et la culture. Nous avons tous en commun des impulsions; il arrive quelquefois de dépasser les limites. La frontière entre l'amour et la tyrannie est difficile à cerner. Ce qui compte, c'est de bien comprendre comment les choses se passent, non pas les justifier mais les comprendre, ne pas être dupe. Il est inutile de se tenir à distance de tout ce qui semble trop "mal". Si on examine bien les phénomènes, on ne fera plus "le mal".

Il y a beaucoup de films adaptés de romans, pour des résultats d'une qualité variable. Quelles difficultés avez-vous rencontrées en adaptant un texte que vous avez vous-même écrit?
Le cinéma et la littérature ne parlent pas le même langage. La beauté des films, c'est qu'ils condensent une foule de situations en un seul plan, qu'ils donnent une représentation visuelle des événements en les rapportant au présent. Francesca Marciano et Giulia Calenda m'ont aidée à composer le scénario. Ensemble, nous avons cherché à rendre la profondeur du livre sur le plan horizontal qu'est la structure du film. J'ai dû supprimer de nombreuses scènes mais je l'ai fait sans regrets, grâce, notamment, à l'excellent travail des acteurs.

C'est la première fois que vous parlez de cinéma à l'intérieur d'un film, et pourtant vous connaissez bien le sujet. Quelle influence le monde du cinéma a-t-il eu sur l'écriture de vos films et de vos romans?
Le cinéma a longtemps été traité par la littérature comme un petit frère idiot, alors qu'il est un pilier de notre culture. Il nous a fait connaître au monde entier, il a fait passer l'Italie de l'après-guerre à la modernité, et il aurait peut-être pu empêcher notre déclin. Personne n'a compris cela, pas même les cinéastes. Le cinéma fait pourtant à présent partie de notre imaginaire. Dans ce roman, le cinéma s'est imposé; il ne s'est pas laissé flanquer à la porte. En vérité, ma génération a brisé les vieilles barrières qui séparaient le cinéma et la littérature ; les différences entre ces deux modes d'expression artistique sont tellement évidentes qu'ils peuvent à présent se rendre visite et dialoguer.

Tout tragique qu'il soit, votre film est parcouru d'une discrète ironie...
Je pense que c'est une tradition familiale. La vie est un mélange tradi-comique ; j'ai appris cela de mon père. Même dans un film aussi tragique, je crois qu'on ne peut pas se passer de quelques éléments drôles ou ironiques pour casser la tension. Je vois la vie comme quelquechose de tragique et de comique à la fois, et j'aime mélanger les genres.

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