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Bouli Lanners • Réalisateur

Populariser les films d’auteur belges

par 

- Bouli Lanners • Réalisateur d' Eldorado

Trois ans après Ultranova [+lire aussi :
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, son premier film remarqué à Berlin, Bouli Lanners revient avec Eldorado [+lire aussi :
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, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs. Fruit d’une collaboration fructueuse avec la société de production liégeoise Versus Production, Eldorado est un road movie bucolique, mélancolique, et wallon. Le film sortira le 4 juin en Belgique, et le 18 en France.

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Cineuropa: Le film propose une équation narrative entre tristesse et bêtise, ce qui génère l’humour. Or, l’humour permet d’assumer une certaine mélancolie…
Bouli Lanners: La mélancolie pour la mélancolie, ça peut vite être ennuyeux. Dans Ultranova, je n’avais pas osé la drôlerie, j’avais une sorte de retenue. Eldorado est plus décalé, navigue entre plusieurs émotions. La maladresse des personnages, leur drôlerie leurs donnent une plus grande humanité, ce qui permet de faire rire plus facilement, mais aussi de faire pleurer. Cette humanité rend le film plus accessible. Le casting était crucial : j’ai rencontré Fabrice Adde lors des premiers essais en Belgique. J’ai été touché immédiatement par son jeu, et son physique de grand échalas. Nous avons fait quelques essais avec des comédiens français, envisageant un nom un peu connu au casting, mais l’image de Fabrice revenait sans cesse. Le côté Laurel et Hardy de notre duo m’intéressait, car il offrait des possibilités comiques certaines. Il s’agissait de trouver le bon équilibre afin de ne pas tomber dans un burlesque trop gras, tout en injectant ce potentiel humoristique.

La musique est omniprésente dans le film, comme si elle dialoguait avec les personnages. Elle est comme la voix des paysages, eux aussi au cœur du film.
La musique est là dès le début de l’écriture. Avant le tournage, j’avais gravé un CD que j’ai distribué à toute l’équipe, dans le but de suggérer les couleurs du film. Puis j’ai rencontré Renaud Mayeur, et j’ai de suite été séduit par ses riffs de guitare qui collaient parfaitement à ce que j’essayais de raconter. La bande-son est pour un moi un élément narratif indissociable du film, comme les décors. Quand je me lance dans l’écriture, je prends la route, je repère des décors. Avant que n’intervienne la structure narrative, il a des lieux, des sons, et des émotions. Puis vient la narration. Je voulais aussi explorer l’aspect esthétique du road-movie, et offrir une autre image de la Wallonie, des instantanés d’une nature à l’opposé de l’image un peu morne que l’on peut se faire de la région.
En contrepoint, la voiture offre un cocon artificiel dans lequel s’entrechoquent les personnages. Elle agit comme un accélérateur de relation entre Yvan et Elie. Coincés entre ces cinq portes, ils vont devoir s’écouter, et communiquer. A l’origine, on devait tourner dans une Cadillac Eldorado, d’où le titre. Ca collait bien à l’atmosphère.

C’est un retour à la Quinzaine après une escapade berlinoise ? (Muno, deuxième court métrage de Bouli Lanners a été présenté à la Quinzaine en 2001, et Ultranova était présenté à Berlin en 2005)
Avec un peu plus de pression cette fois ! Cannes, c’est comme un scanner, on se met tout nu. Mais c’est une belle reconnaissance, et le fait qu’il n’y ait pas de compétition permet d’éviter l’ambiguïté, tout en bénéficiant d’une médiatisation qui permet au film d’exister, même sur les marchés étrangers. C’est important pour ce genre de film, qui n’est pas accompagné d’une grande machine commerciale en amont.

Pensez-vous que cela puisse jouer auprès du public belge ?
Cela apporte une meilleure visibilité. Il faut lutter contre les a priori que le public peut avoir sur le cinéma belge. Tout n’y est pas gris ou morose. Je voudrais pouvoir populariser les films d’auteur belges, et il faut poser un véritable débat sur la distribution de ces films. Une partie du cinéma flamand rencontre un franc succès public : il a des BV (Bekende Vlamingen ou flamands connus). En Wallonie, on manque de WC, ou Wallons Connus…

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