Roberto Benigni • Réalisateur
Pinocchio c'est moi
- Le Benigni-day se rapproche et le Prix Oscar rencontre la presse pour parler de son nouveau film, dès vendredi 11 dans près de 900 salles italiennes
Après les émotions qu’il nous a donné avec La vie est belle le comique italien laisse voir à un nombre très restreint de journalistes son film qui sortira en 900 copies dans les salles italiennes le 11 octobre prochain (en décembre en Grande Bretagne, en janvier en Allemagne, en France et Belgique en mars 2003). Un film précédé d’une renommée de 40 millions d’euros, huit mois de pre-production et huit de post-production, 28 semaines de tournage dans les studios de Papigno, (à Terni), 4 000 figurants, une avalanche d’effets spéciaux, des décors qui resteront la dernière œuvre de Danilo Donati (le film est dédié au grand décorateur, décédé pendant le tournage). Mais il y aussi les polémiques à propos de la distribution du film, qui a été confiée à la société Medusa de Berlusconi, et sur le fait que Benigni a été l’homme qui a pris Berlinguer, le leader des communistes italiens, dans ses bras. Et encore celle sur le nom de Carlo Collodi qui a disparu de l’affiche. Et puis encore de la tristesse parce que ‘Benignaccio’ est de plus en plus blindé derrière le cérémonial digne d’une superstar. Espérances et frayeurs pour la sortie aux USA le 25 décembre, avec la Miramax qui pense à une nouvelle chevauchée vers les Oscars.
Après tous ces préambules ‘émerge’ une certaine délusion parmi les critiques à la sortie de la projection mais aussi la conscience que : «non, sur Benigni on ne peut pas». Parce que le ménestrel de Misericordia, 50 ans le 27 octobre prochain, est une sorte de monument national. Le symbole de notre cinéma – pardon - de notre génie, dans le monde.
Mais c’est à lui de parler.
L’héritage de Fellini. Federico m’appelait ‘p’tit Pinocchio’, il m’avait même dessiné comme un Pinocchio. ‘Tu le feras à toi tout seul, Robertino’, ça a été sa dernière phrase avant de mourir. Je voulais faire Pinocchio depuis 20 ans, encore un an et j’aurais pu faire Geppetto.
Collodi. On dit ‘Pourquoi il n’y a pas son nom au générique ?’ C’est comme sur le générique de la Bible il fallait écrire ‘tiré du roman homonyme de Dieu’. Pinocchio est le livre le plus lu et le plus traduit au monde après le Coran et la Bible ; tout le monde sait qui est Collodi !
L’Amérique. En Amérique ils ont une idée de Pinocchio. Il n’arrivent pas à croire qu’il puisse être pendu. J’espère qu’il nous aimeront quand même.
L’actualité. Comment est-il possible d’actualiser Pinocchio ? C’est comme actualiser un mythe. Chaque chose que tu touches tu la ‘désactualises’. Mais vous avez vu la scène du tribunal avec les juges et leur sucette ?
La Fée. La fée est le personnage le plus trahi. Gadda affirmait qu’elle est le mythe féminin du XIX siècle par excellence. J’aurais pu l’interpréter moi-même, mais Nicoletta est ma fée depuis que je l’ai rencontrée.
Les modèles. Le Pinocchio de Luigi Comencini reste dans la mémoire comme le Pinocchio italien le plus représentatif mais j’en aime un autre des année ’40, de Guardone, où Vittorio Gassman était le petit homme vert.
Berlusconi/b>. Silvio Berlusconi est notre distributeur et je ne voudrais pas bien parler de lui derrière son dos. En tant que politicien ce n’est pas Cavour mais c’est un des plus grands entrepreneurs au monde. C’est pour cela que cette polémique sur la Medusa me laisse un peu ‘médusé’ .
Enfance. Je suis né dans une petite ville appelée Misericordia, je m’appelle Benigni (bénin), ça ne vous donne pas envie de pleurer ? Ma maman ne savait pas lire mais elle me racontait des bouts de Pinocchio et de la ‘divine Comédie’ : moi je confondais Pinocchio avec Dante à cause du long nez.
Jackie Chan. La Miramax veut réaliser un film où Jackie Chan et moi-même sommes des lave-vitres qui assistent à un meurtre ? Vraiment ?
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