email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS / CRITIQUES

N’aie pas peur

par 

- Montxo Armendáriz use d'un style narratif à mi-chemin entre la fiction et le documentaire pour dénoncer un fléau social : les abus sur mineurs.

Une structure familiale normale, qui pourrait être la nôtre, une famille aisée et apparemment heureuse qui se promène dans une ville de province. Il y a le papa, la maman et une jolie fillette blonde bien mise, dont les yeux débordent de curiosité, d'innocence et de vie. Mais quand ils rentrent à la maison, tout en lui disant de ne pas avoir peur, le père abuse de sa fille. La caméra ne montre que le visage de la petite, un visage effrayé et surpris sur lequel on lit beaucoup de confusion. C'est que celui qui devrait la protéger, s'occuper d'elle et l'aimer par dessus tout s'est transformé d'un seul coup en un monstre, un ogre qui lui inspire peur et dégoût, mais aussi respect et estime, c'est-à-dire toute une gamme d'émotions contradictoires. Pour cette fillette, le modèle à suivre, l'exemple à imiter, a cessé d'être valide et la jeune créature sans défense va grandir dans un océan de doutes, de silences, de sentiments de culpabilité et d'incompréhension. Seul le temps, plusieurs thérapies et le fait de verbaliser et d’accepter ce qui s'est passé pourront l'extirper de l'obscurité tourmentée dans laquelle elle a grandi.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

N’aie pas peur [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Montxo Armendáriz
fiche film
]
, le nouveau film de Montxo Armendáriz évoque les séquelles psychologiques des abus (sexuels, violents ou autres) infligés aux enfants, et c'est sur le visage expressif de la jeune Michelle Jenner qu'il a pu compter pour rendre compte de l'enfer que vivent les victimes de ce délit parmi les plus abominables qu'un individu puisse commettre. L'enfant donne la réplique à Lluis Homar et Belén Rueda dans le rôle de la mère de la victime, une femme qui, comme la société moderne, se montre égoïste et préfère ne pas regarder en face le problème qui existe dans sa propre maison, avec toute la douleur et les conséquences qu'il emporte. Au lieu de cela, elle se laisse guider par ses intérêts propres, ses caprices et son confort. C'est que dans la majorité des cas, ceux qui abusent des enfants sont des personnes proches d'eux et c'est pour cela que les petits mélangent les concepts d'amitié, de sexualité et d'amour à tel point qu'il se transforment en personnes dont le déséquilibre émotionnel est tel que reconstruire leurs vies est dur et requiert beaucoup d'efforts.

C'est pour cela que le film, réaliste sans être morbide, se concentre avant tout sur l'angoisse de la victime au jour le jour, de son enfance à son adolescence puis son entrée dans la vie adulte. La caméra adhère à son point de vue, son regard, ce qu'elle voit et traduit son traumatisme, son angoisse et ses pathologies – dédoublement de personnalité, dépression profonde, addictions et troubles digestifs.

Pour souligner la véracité du délit qu'il dénonce, le cinéaste a mêlé documentaire et fiction et brisé la structure linéaire du récit de la vie de la jeune fille : pendant la première moitié du film, l'histoire est racontée sous forme de flashback incluant des témoignages fondés sur des faits réels, mais intégrés à la fiction. Ces confessions devant la caméra de vraies victimes comme d'acteurs peu connus servent à rendre compte de l'éventail des sexes, âges et conditions sociales des différentes victimes d'abus pendant l'enfance.

Le film a été tourné en sept semaines et demie à Pampelune, la ville natale du réalisateur, après deux mois de répétitions avec les acteurs principaux. N’aie pas peur a coûté 3,5 M€ et les droits ont été acquis par TVE et Canal Plus Espagne.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'espagnol)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy