01/09/2011

L'érotisme était au rendez-vous pour l'ouverture des Journées des Auteurs-Venice Days de la 68ème Mostra de Venise, avec la projection en avant-première mondiale de Crazy Horse [+lire aussi :
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interview : Frederick Wiseman
fiche film] du documentariste américain Frederick Wiseman, présenté dans le cadre des séances spéciales et suivi par Love and Bruises [+lire aussi :
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interview : Lou Ye
fiche film] (photo) du Chinois Lou Ye.

La première de ces oeuvres est une extraordinaire ode au corps féminin et à la sensualité à travers un portrait raffiné des danseuses du cabaret parisien Le Crazy Horse, fondé en 1951 ; la deuxième est le récit d'une passion impossible aux accents tantôt sombres, tantôt romantiques, qui se joue en grande partie à Paris, ainsi qu'à Pékin, entre une chercheuse universitaire chinoise et un ouvrier français.

Pour réaliser la coproduction franco-américaine Crazy Horse, Wiseman a suivi pendant dix semaines la préparation d'un nouveau spectacle intitulé "Désirs" dans le temple de la beauté et du "nu chic". Il mêle répétitions, scènes de coulisses et conversations dans une explosion de couleurs, de danses lascives et de corps superbes examinés avec insistance mais jamais avec vulgarité. Dans le même temps, il met en valeur le travail méticuleux frôlant le perfectionnisme du metteur en scène, du chorégraphe, du costumier et du responsable des décors du spectacle, ainsi que le dévouement de ces stakhanovistes de la séduction que sont les filles, avec deux spectacles par soirée (trois le samedi), sept jours sur sept.

C'est dans un autre style, et la caméra à l'épaule, que la production française Love and Bruises nous raconte une histoire d'amour interprétée par Tahar Rahim (César 2010 du meilleur acteur pour Un prophète [+lire aussi :
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interview : Jacques Audiard
interview : Jacques Audiard et Tahar R…
fiche film] de Jacques Audiard) et l'ancien mannequin Corinne Yam. Le film repose intensément sur les acteurs, avec ses moments de grande intimité. "Avant le tournage, Corinne et moi nous sommes croisés une fois seulement, raconte Rahim, et cela c'est avéré un avantage, dans la mesure où la rencontre entre les personnages que nous interprétons est inopinée et rapide". Pour Lou Ye, banni de son pays pour les positions politiques exprimées dans Summer Palace (en compétition à Cannes en 2006), c'est avant tout un film tourné dans une langue inconnue de lui, le français – "une vraie mise à l'épreuve pour la sensibilité et l'expérience d'un réalisateur qui amène à se concentrer sur d'autres choses : les intonations, le rythme, les gestes, c'est-à-dire le langage visuel et celui du corps", souligne Ye.

Entre Crazy Horse et Love and Bruises, la première journées des Venice Days a proposé une parenthèse intimiste en compagnie de l'écrivain Erri De Luca, qui a donné la réplique à l'actrice napolitaine Isa Danieli dans le court métrage très chaleureusement applaudi Di là dal vetro d'Andrea di Bari. Cette production de Pastificio Lucio Garofalo retrace un dialogue nocturne imaginaire entre un homme et sa mère, disparue depuis des années. Dans leurs propos se retrouvent des souvenirs de guerre, des peurs, des combats politiques, des histoires de famille et des considérations sur la mort. Le résultat est poétique et émouvant.

(Traduit de l'italien)