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CANNES 2012 UCR / Canada-France

Laurence Anyways : un troisième film sur le troisième sexe

par 

- Brossant la décennie durant laquelle il est devenu un homme, Xavier Dolan raconte le tumultueux parcours identitaire d'un homme qui devient une femme.

Le réalisateur québécois Xavier Dolan n’a que 19 ans lorsque J’ai tué ma mère, son premier film, remporte les honneurs de la Quinzaine des Réalisateurs. Il reviendra sur la Croisette en 2010 avec Les amours imaginaires et le voici à nouveau au Certain Regard avec son troisième film, le plus ambitieux à ce jour. Laurence Anyways [+lire aussi :
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est une coproduction canado-française tournée à Montréal et un jalon supplémentaire dans la croissance d’un grand réalisateur en devenir.

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Brossant la décennie durant laquelle il est devenu un homme, Xavier Dolan raconte le parcours de Laurence (Melvil Poupaud) qui devient une femme. Laurence n’est pas homosexuel et cette quête identitaire passe par une tumultueuse histoire d’amour avec Fred (Suzanne Clement) qui explose et implose sans cesse sous le poids sociétaire et la pression des remises en question fondamentales du couple. Il a semblé au réalisateur que les années 90 représentaient le meilleur terreau pour l’éclosion de ce scénario. L’histoire repose sur une évolution à mi-chemin des moeurs et de la place qui est laissée aux marginaux et plus particulièrement au troisième sexe. De la fin des années 80 au début des années 2000, notre société a parcouru ce chemin-là. Melvil Poupaud et Suzanne Clement fonctionnent bien ensemble à l’inverse de leurs personnages et l’ajout au casting de Natalie Baye en mère faussement déconnectée du destin de son fils apporte une prestance supplémentaire au film.

Privilégiant le format 4/3, Xavier Dolan parvient à reconstituer une époque en passant par l’image (le format, le grain, les costumes) et le son valorisé par des instants vidéo clips où la musique prend le dessus sur l’image qui ralentit. Ces moments d’ambiance — comme on en trouve à foison chez son compatriote Jean-Marc Vallée (Cafe de Flore [+lire aussi :
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) — s’inscrivent dans une forme qui peut déplaire aux publics plus attachés à des structures classiques, mais ils ont les avantages ou les inconvénients de purs instants de démonstration. Sur le fond, le réalisateur continue sa réflexion sur l’Amour impossible, celui que nous poursuivons quand il nous échappe et que nous laissons filer lorsque nous nous en saisissons à nouveau. Cette fois, Dolan acteur n’est pas devant l’objectif comme il l’avait été jusque-là, mais l’ajout de cette charge à la réalisation, la production exécutive, l’écriture, le montage et même les costumes n’était décidément pas justifié par le scénario. Dolan réalisateur continue donc à développer son art, mais pas de façon égale sur chacun des postes cités précédemment. Laurence Anyways est un questionnement sans réponses. C’est une oeuvre audacieuse, mais pas complètement calibrée pour la compétition officielle du festival de Cannes qui lui refuse la course à la Palme d’Or. Un cru encore trop jeune ? Rien n’est moins sûr. Laurence Anyways montre ce temps que les moins de 20 ans n’ont peut-être pas connu, mais auquel Xavier Dolan, du haut de ses 23 ans, s’est suffisamment identifié pour nous inviter dans une intimité. Celle d’un personnage, d’un genre, d’un choix de vie dont l’apparence limite les rapprochements au-delà d’«un certain regard».

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