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CANNES 2012 Un Certain Regard

Eléphant blanc : où est Dieu dans les bidonvilles ?

par 

- Deux prêtres activistes aux prises avec la pauvreté, les gangs, la police, l’argent et les doutes spirituels. Un thriller social-réaliste efficace.

Grand habitué de la Sélection Officielle du Festival de Cannes (deux fois au Certain Regard avec El Bonaerense [+lire aussi :
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en 2002 et Carancho [+lire aussi :
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en 2010, et en compétition en 2008 avec Leonera), l’Argentin Pablo Trapero a de nouveau exposé son style social-réaliste engagé et "viril" avec Eléphant blanc [+lire aussi :
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, présenté aujourd’hui au Certain Regard. Produit par les Espagnols de Morena Films, les Argentins de Matanza Cine et de Patagonik, et les Français de Full House, le long métrage traite le sujet de la place des prêtres des bidonvilles, une trentaine d’années après le Mouvement activiste des prêtres pour le Tiers-Monde dont l'un des membres emblématiques, Carlos Múgica (assassiné en 1974 par un escadron de la mort à la solde du gouvernement argentin) est explicitement cité dans le film.

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Démarrant sous le signe de la maladie au sens large avec un scanner au cerveau pour Julian (la star argentine Ricardo Darín) suivi par un massacre paramilitaire dans un village de la jungle ("Brulez tout !") auquel échappe Nicolas (le Belge Jérémie Renier), le film voit les deux hommes qui sont en réalité deux prêtres, joindre ensuite leurs efforts dans le "bidonville de la Vierge", dans la banlieue de Buenos Aires. S’y entassent près de 30 000 personnes et les religieux tentent de mener à bien le projet de construction d’un hôpital surnommé "Elephant blanc", lancé en 1937 et maintes fois interrompu. Aidés par l’assistante sociale Luciana (Martina Gusman, épouse du réalisateur), Julian et Nicolas, très bien intégrés dans la population locale, exercent leurs ministères spirituels tout en jouant les moteurs et les intermédiaires (entre la mairie et l’évêché) pour assurer le "cash flow" nécessaire au projet (les travaux sont en cours), mais font aussi figure d'infirmiers, de professeurs d’alphabétisation, voire de pacificateurs entre les gangs de trafiquants de drogue se disputant le territoire. Mais les deux prêtres affrontent également une crise de vocation, l’un étant affaibli par sa maladie (tenue secrète), l’autre se lançant dans une aventure avec Luciana. Jusqu’où peuvent-ils s’impliquer en tant que prêtre dans l’action sociale ? Telle est la question cruciale et dangereuse posée par le film dans un environnement riche en fusillades, en gamins fumant du "paco", en flics infiltrés et autres interventions des forces anti-émeute.

Saisissant à la perfection la réalité de la vie du bidonville, Pablo Trapero avance dans la narration comme un bulldozer, créant un climat très efficace de thriller documentaire (très belle séquence notamment dans un laboratoire clandestin de drogue). Son sens de la mise en scène offre aussi de superbes scènes nocturnes et des sensations intenses, très physiques, sans que la violence ne soit exploitée abusivement. Malgré un scénario un peu simplificateur ne donnant pas aux comédiens beaucoup de prise sur la profondeur de leurs personnages, Elephant blanc réussit à faire passer énergiquement son message : "C’est plus difficile de travailler tous les jours que d’être un héros".

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