22/10/2012 - Loach : "Nous avons besoin d’un autre type d’Europe, fondé sur la promotion et la planification de ce que nous avons besoin pour la culture"

C’est à un Ken Loach particulièrement ému et d’une grande humilité que "The King" Eric Cantona a remis samedi soir le prix Lumière dans le cadre du Festival du même nom qui se tenait à Lyon du 15 au 21 Octobre. Un clin d’œil à Looking for Eric [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Cannes 2009 Ken Loach
interview : Steve Evets - acteur
fiche film], le film du réalisateur britannique sorti en 2009 et projeté en début de cérémonie devant près de 3000 personnes, dont des invités de choix comme les réalisateurs Jerry Schatzberg, Marjane Satrapi, les frères Dardenne ou encore les acteurs français Julie Gayet, Hippolyte Girardot ainsi que la productrice et le scénariste de Ken Loach Rebecca O’Brien et Paul Laverty, et bien d’autres…

Après Clint Eastwood, Milos Forman et Gérard Depardieu, Thierry Frémaux, qui a animé la cérémonie, a souligné l’importance pour l’Institut Lumière dont il est le directeur général de récompenser cette année un cinéaste européen.

Le lauréat de la Palme d’or 2006, qui déclare volontiers, "nous sommes tous des européens" n’en demeure pas moins attaché à ses convictions et plutôt critique vis-à-vis des politiques actuellement menées par Bruxelles : "L’idée d’Union Européenne menée par un agenda libéral n’est pas ce que nous souhaitons.", a-t-il déclaré, à l’image de ses films, qui se rangent du côté du monde ouvrier, des peuples opprimés et blessés par les ravages du néolibéralisme.

Et lorsque Cineuropa l’interroge sur la situation de l’industrie européenne actuelle, Ken Loach n’hésite pas à citer la France en exemple : "C’est une grande question. Pour nous en Angleterre, le système de subvention du cinéma qui existe en France est très important." La veille lors de la remise de son prix, il avait néanmoins déclaré "s’inquiéter pour le cinéma français" à cause de la mise en danger par la Commission européenne de ce système unique de redistribution de la taxe, payée par toute la filière du cinéma français jusqu’au billet du spectateur.

"Pour les politiciens en Europe, c’est une façon d’interférer dans le marché, ce qu’ils détestent, du moins certains d’entre eux. Mais s’il n’y a pas de système comme cela, le marché ne pourra subvenir à la demande. Je pense donc que nous avons besoin d’un autre type d’Europe, basée sur la promotion et la planification de ce que nous avons besoin pour la culture." C’est pourquoi le cinéaste ne mâche pas ses mots en appelant à "résister" pour sauver le cinéma français en particulier, et le cinéma européen en général.