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FILMS / CRITIQUES

La Cinquième Saison

par 

- Une oeuvre visuellement impressionnante et nourrie de symboles découverte en compétition à Venise et prix Cineuropa aux Arcs.

Après avoir tourné Khadak [+lire aussi :
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(Lion du Futur 2006) en Mongolie et Altiplano [+lire aussi :
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au Pérou, le duo de cinéastes composé de Peter Brosens et Jessica Woodworth ont réalisé le troisième volet de leur trilogie dans les Ardennes belges où ils sont basés. La Cinquième Saison [+lire aussi :
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est une éloquente réflexion mystico-écologique sur un monde qui a choisi un lieu froid et isolé pour entamer son implosion. Cette coproduction entre la Belgique, la France et les Pays-Bas a été présentée en compétition de la Mostra de Venise et a été chaleureusement applaudie par les festivaliers, comme pour se réchauffer de l'hiver sans fin dans lequel les a plongé cette fable apocalyptique.

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Lorsque vient le moment de chasser l’hiver dans ce petit village d’agriculteurs belges, tous se réunissent pour une cérémonie dont l’origine folklorique remonte à la nuit des temps. Un bûcher est dressé pour immoler une représentation empaillée de la saison qui paralysie les cultures et refroidit les coeurs. Ni torches, ni efforts ne parviennent à ressusciter le Grand Feu. Sans lui, l’hiver demeure une, deux, trois saisons de plus. A mesure que le village est garroté par une dépravation grandissante, les arbres tombent et la faune se stérilise et meurt. Les âmes s’assèchent et les hommes régressent vers un un état instinctif, sombre et brutal. Pol, nomade apiculteur désoeuvré, a choisi la mauvaise saison pour installer sa caravane aux abords du village. L’étranger et son fils handicapé sont peu à peu désignés comme des bouc-émissaires et la foule prépare un nouveau bûcher, bien moins festif...

Malgré un budget modeste et la contrainte de tourner les 4 saisons du film durant un seul mois hivernal qui fût des plus rudes, La Cinquième Saison est une belle claque visuelle. La photographie de Hans Bruch Jr. confirme un talent d’esthète annoncé par son travail sur les films de Gust Van den Berghe (Little Baby Jesus of Flanders [+lire aussi :
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) et le langage de la caméra — largement dominé par le principe d’hyper construction de longs plans séquences — fait office de narrateur de cette oeuvre qui s’inscrit dans la filmographie des réalisateurs comme étant aussi celle qui accorde le plus d’importance à une histoire.

Le découpage en saisons n’est pas un procédé neuf, mais le formatage hivernal des 4 segments confère au film une intemporalité apocalyptique, délavée, comme habitée par l’oeuvre de Brueghel. Le rythme lancinant des images et de leur accompagnement musical éloignent un peu le spectateur qui flotte au dessus de l’histoire des personnages (pour la plupart des acteurs non professionnels ou des premiers rôles), tous porteurs d’une profonde "belgitude". Cependant, l’allégorie se veut universelle grâce à de nombreux symboles et une sombre ambiguïté bien actuelle. Le spectateur attentif ne manquera pas de relever les rapports avec les deux films précédents des réalisateurs unifiés par une attention particulière à l’évocation visuelle et à un découpage peu conventionnel. Le reste est question de sensibilité thématique que les réalisateurs résument comme une réponse à une citation de Werner Herzog : "Qu’avons-nous fait à nos paysages ? Nous avons embarrassé nos paysages!"

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