08/10/2013 - Le nouveau film de Massimo Venier, librement inspiré du Veuf de Dino Risi, arrive sur les écrans transalpins le 10 octobre. Littizzetto et Fabio De Luigi y reprennent les rôles de Franca Valeri et Alberto Sordi

Ce n'était pas la moindre des gageures, pour Luciana Littizzetto et Fabio De Luigi, que de reprendre les rôles de deux monstres sacrés comme Franca Valeri et Alberto Sordi. La même chose vaut pour Massimo Venier, qui a accepté l'énorme responsabilité de reprendre un sujet mis en scène il y a plus de cinquante par un des maîtres de la comédie à l'italienne, Dino Risi. Aspirante vedovo (litt. "aspirant-veuf"), qui arrive cette semaine sur les écrans italiens, est bel et bien né comme un défi : "Quand le producteur Beppe Caschetto m'a proposé de refaire Le Veuf, je me suis dit que c'était de la folie, raconte Venier, et puis j'ai repensé à cette histoire, qui est formidable, et à ses fantastiques personnages, et j'ai réfléchi à la possibilité de montrer comme les choses ont changé aujourd'hui, mais aussi comme tout est resté pareil".

Le Veuf avait pour contexte l'Italie des années 1960 et du miracle économique. Aspirante vedovo montre l'actualité d'un pays en crise, mais où on continue de spéculer et de construire sans suivre de règles. Le Milan que dépeint Venier est un énorme chantier : on y prépare l'Expo 2015, et des affairistes sans scrupules en profitent pour s'enrichir. Alberto Nardi (Fabio De Luigi) est l'un d'eux : il joue les hommes d'affaires dynamiques et pleins de succès, alors qu'en fait c'est un pleutre et un bon à rien. Son épouse, la riche et puissante Susanna Almiraghi (Luciana Littizzetto), plus âgée que lui, ne perd d'ailleurs pas une occasion de le lui rappeler, en privé comme en public. Elle lui fait sentir les excréments du chien, elle entend plus volontiers l'avis de l'électricien que le sien, elle l'humilie devant ses amis.

Si Susanna Almiraghi ne divorce pas de cet incapable, c'est parce qu'elle n'accepte pas l'idée de l'échec. Plutôt mourir. Et justement, le désir de voir son conjoint mourir (hypothétique dans son cas à elle, alors que son mari va passer à l'acte) est au coeur de l'intrigue de cette comédie noire qui pourrait inaugurer, dans l'intention de ses auteurs, une nouvelle saison du genre comique en Italie qui renouerait avec la comédie à l'italienne. "C'est une comédie très différente de celles qu'on voit aujourd'hui et qui sont étouffées par le politiquement correct", affirme Littizzetto, justement connue pour son humour cynique et caustique. "L'idée est de revenir au genre de comédies noires qui se faisaient avant, et que les jeunes ne connaissent pas".

Le duo Littizzetto-De Luigi fonctionne bien. Avec sa face débonnaire et ses manières de Gascon, il fait rire d'un simple mouvement du visage. Elle est parfaitement antipathique, presque inhumaine, et tout à fait monolythique dans sa méchanté. Les deux acteurs n'auraient pu mieux s'acquitter de la tâche difficile de faire honneur à leurs prédécesseurs : cinquante ans ont passé, les gens parlent et bougent différemment, mais l'essence des personnages est restée intacte. De même que la représentation de cette humanité grise, qui n'est jamais ni totalement positive, ni totalement négative, qui n'est jamais pure.

Aspirante vedovo, produit par IBC Movie et Rai Cinema, sort le 10 octobre dans 400 salles, distribué par 01.

(Traduit de l'italien)