12/06/2014 - Le film de fin d'études pour l'École ZHdK de Zurich d'Anna Thommen vient de remporter un nouveau prix important : le Prix du documentaire SOS du DOK.fest de Munich

Après s'être déjà distingué en Suisse comme à l'étranger (notamment en participant à la compétition des prestigieuses Journées de Soletta et en remportant le First Step Award 2013 à Berlin), Neuland a de nouveau brillé au DOK.fest de Munich. Le jury a apprécié l'universalité du thème que le film traite, celui de l'intégration en Europe, un sujet qui dépasse en fait toutes les frontières et reste tout à fait d'actualité, avec son bagage d'émotions, de contradictions et de questions encore sans réponses. Sans jamais tomber dans le sentimentalisme, Neuland arrive à mélanger courage et espoir et permet au spectateur de se confronter à ses propres préjugés (exprimés ou réprimés) à travers une immersion totale dans un univers qu'on observe généralement de loin.

À Bâle, Monsieur Zigg, enseignant pour les immigrés cherchant à s'intégrer, est de fait un personnage autour duquel gravitent de nombreux jeunes à la jonction entre une vie qu'ils ont dû quitter, souvent malgré eux, et un futur incertain et effrayant dans un pays qui ne semble pas franchement amical. Depuis deux ans, Zigg essaie d'aider ces jeunes venus du monde entier dans leur transition d'une réalité à l'autre et leur parcours d'intégration à une culture complètement nouvelle pour eux. Son rôle est de leur expliquer comment la Suisse fonctionne, et il le fait avec un grande intelligence, tout conscient qu'il est des difficultés qu'il y a à s'adapter à des règles généralement vécues sur le mode de la frustration. Zigg voit la réalité en face ; il contre avec lucidité et sensibilité les préjugés et joue des coudes pour que ses élèves trouvent quelque lueur d'espoir, entre les rejets, l'envie de repartir et la conscience du futur qui les attend en Suisse. Ces jeunes doivent affronter leurs traumatismes, en plus de se faire une place dans une nouvelle société, et c'est un chemin difficile dont le professeur Zigg fait l'expérience tous les jours, mais ce fardeau auto-imposé est aussi une richesse partagée : connaissance, écoute et partage sont en effet les mots d'ordre pour abattre les frontières qui nous séparent. 

La rencontre entre Anna Thommen et Zigg n'est pas le fruit du hasard : avant de travailler sur Neuland, la jeune réalisatrice suisse l'a "étudié" pendant trois longues années dans le cadre d'un projet pédagogique sur les médias (Medienpädägogischen Filmprojekt). Cette intimité se ressent dans le film qui, comme le dit la réalisatrice, s'est présenté dès le début comme une évidence. Neuland n'est pas "seulement" un compte-rendu sur deux ans de travail : c'est aussi un acte à travers lequel Thommen elle-même a fait face à ses propres préjugés. En effet, comment observer tous ces jeunes aux destins si différents entre eux ? Comment parvenir à raconter leurs histoires, à rendre compte de ce qu'ils ont vécu alors que ces récits sont si complexes, si lointains ? Neuland aborde ces questions avec une grande sincérité et cherche des clefs de lecture qui permettent non seulement de comprendre ces jeunes, mais aussi de nous comprendre nous-mêmes et de faire face à nos propres angoisses. Avec sensibilité et intelligence, Anna Thommen parvient à nous rapprocher d'"Autrui" : à travers les aventures des Nazielije, Eshanullah et Hamidullah, Neuland nous parle du destin de tous les immigrés, et il le fait de manière tellement captivante et sincère que le film est formidable du début à la fin.

Les ventes internationales de Neuland sont assurées par Rise and Shine.

(Traduit de l'italien)