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BRUSSELS FILM FESTIVAL 2014

Broken Hill Blues : vers un monde qui s’effondre ?

par 

- Dans la ville la plus septentrionale de Suède, un groupe d’adolescents quitte peu à peu le monde de l’enfance, au rythme des craquements telluriques d’une mine de fer

Broken Hill Blues : vers un monde qui s’effondre ?

Kiruna, ville la plus septentrionale de Suède. Au rythme des craquements angoissants de la mine de fer sise sous les pieds des habitants, les saisons s’écoulent, la nuit infinie de l’hiver laisse place au jour sans fin de l’été. C’est une année charnière pour un groupe d’adolescents, qui  s’apprêtent à quitter le monde de l’enfance. Entre leurs histoires d’amours poétiques ou contrariées, et leur inquiétude sur leur avenir professionnel, chacun suit son chemin, en essayant – ou pas – d’éviter les itinéraires tous tracés. Faut-il reproduire les schémas familiaux même quand ils ont pu s’avérer fatal ? Faut-il partir quand le sol se dérobe littéralement sous vos pieds ? Mais pour aller où ? Le paradoxe est au cœur du quotidien de la cité minière. La mine même qui fait vivre la ville la détruit à petit feu. Telle une bête sauvage, blessée et menaçante, la mine gronde et tremble, faisant trembler avec elle toute la communauté.  La terre se révolte, semble vouloir reprendre ses droits. S’il est permis de rêver (les rêves sont gratuits comme le souligne l’un des personnages), les ados de Kiruna ont du mal à s’extraire de leurs mines personnelles. Alors qu’un monde nouveau, à reconstruire, s’offre à eux, ils semblent comme magnétiquement attachés à leur territoire. 

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Sofia Norlin signe avec ce premier long métrage une chronique mélancolique sur la possibilité d’envisager l’avenir dans un monde qui se meurt. La narration avance par petites touches, rythmées et entrecoupées par des plans d’une beauté à couper le souffle, au son d’une musique atmosphérique, toute en souffles et en dissonances. L’essentiel des dialogues revient presque à la mine, qui gronde tout au long du film, et au speaker de la radio qui annonce les explosions programmées à intervalles réguliers. Par une succession de petites scénettes ou de grandes épopées naturalistes, Norlin fait l’état des lieux d’un monde menacé d’extinction, et qui doit encore trouver les moyens de sa survie. Alors que le film avance, un groupe d’enfants s’enfonce dans la nature, traversant des champs de fougères, contournant une maison abandonnée où la nature a repris ses droits. Les enfants s’interrogent, que va devenir la ville quand nous ne serons plus là, faisant écho au questionnement fondamental des enfants, le monde existe-t-il quand je n’en fais pas l’expérience ? Face à cette interrogation, la terre réaffirme son autonomie, tremblant, grondant, détruisant peu à peu ce que l’humain a construit. Broken Hill Blues [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, bulle atmosphérique, ode à une nature magnifiée bien qu’impitoyable, est une œuvre contemplative, minimaliste et exigeante, qui demande une certaine attention à un spectateur qui n’est pas tenu par la main par un récit privé ou presque de péripéties. Mais cette attention et cet effort sont récompensés par le plaisir esthétique offert par l’œuvre, et son lyrisme naturaliste. Broken Hill Blues a d’ailleurs reçu le Guldbagge (les Oscars suédois) de la meilleure photographie, pour le travail de Petrus Sjövik.

Le film est produit par DFM AB, avec le soutien du Swedish Film Institute, du programme MEDIA et de la télévision suédoise. Il est vendu à l’international par The Yellow Affair.

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