email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

VENISE 2014 Venice Days

Patria : 30 ans d’histoire italienne à 60 mètres de haut

par 

- VENISE 2014 : Dans le nouveau film de Felice Farina, trois ouvriers escaladent la tour d’une usine pour manifester contre les licenciements et commémorer 30 ans d’Histoire italienne

Patria : 30 ans d’histoire italienne à 60 mètres de haut

Après Retour à Ithaque [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Laurent Cantet
fiche film
]
, qui revient sur l'histoire de Cuba d'une terrasse située sur un toit surplombant la ville, un autre film de la sélection Venice Days de cette année se penche sur le passé vu d’en haut. Dans Patria [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Felice Farina
fiche film
]
, de Felice Farina, trois travailleurs menacés de licenciement escaladent la tour d’une usine turinoise et, du haut de ses 60 mètres, retracent les trente dernières années de l'Histoire italienne, sans idées préconçues ni idéologies mais bien dans le but de répondre à une simple question : comment en sommes-nous arrivés là ?

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Lorsque Salvo (Francesco Pannofino), un ouvrier sicilien installé dans le Nord, apprend que l'usine dans laquelle il travaille ferme ses portes, il est furieux. Il se rue alors sur le distributeur pour acheter des sandwiches et de quoi boire et grimpe aussitôt sur la tour de l'usine puis menace de sauter. Giorgio (Roberto Citran), un représentant du syndicat de l'usine, le rejoint au sommet de la tour pour tenter de le dissuader de sauter, mais il finit lui-même par se rallier à la cause de Salvo. Les deux hommes, à l'opposé l'un de l'autre par leurs caractères comme par leurs opinions politiques (Salvo est un fasciste et Giorgio un vieux communiste), sont rejoints par Luca (Carlo Giuseppe Gabardini), le concierge mal-voyant de l'usine, dont on sait qu’il est un "employé obligatoire" (embauché conformément à la loi sur le droit au travail pour les personnes handicapées).

En attendant l'arrivée des caméras de télévision (“Si il Gabibbo [une célèbre personnalité de la télévision italienne, ndlr.] vient, il va se passer quelque chose”, pense Salvo), la protestation sur la tour se transforme en une opportunité pour les trois hommes de réfléchir et de discuter de l'Italie de ces dernières décennies : des fermetures d'usines, des meurtres mafieux des manifestations pour les droits civiques ou encore de la corruption politique - autant de thèmes sur lesquels le réalisateur choisit de revenir au moyen de séquences originales et d’enregistrements d'époque plutôt qu’avec des mots. Le film est tiré de l'ouvrage Patria 1978-2010 du journaliste Enrico Deaglio : “Je me suis embarqué dans l’entreprise désespérée de réaliser 90 minutes de film à partir d’un livre de 900 pages, explique Felice Farina. La seule façon d'y parvenir était de filtrer les mots et de laisser place aux sentiments, aux sons et aux images que nous avons tous en mémoire”.

Le montage, confié à la fantastique Esmeralda Calabria (monteuse, entre autres, de Romanzo criminale [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Michele Placido
fiche film
]
, qui lui a valu un David de Donatello, et réalisatrice de Biùtiful cauntri), réunit des fragments extraits d'archives et l'intrigue qui se joue au sommet de la tour, où les trois protagonistes, abandonnés de tous, s’apprêtent à passer la nuit. C’est comme si nous pouvions entendre parler les personnages et pénétrer leurs esprits puis leurs souvenirs, qui sont des souvenirs collectifs. C‘est une expérience précieuse pour ceux qui y étaient et savent déjà ce qui s’est passé, mais surtout pour ceux, plus jeunes, qui sont curieux de savoir d'où vient l'Italie d'aujourd'hui. 

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy