email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

VENISE 2014 Orizzonti

Io sto con la sposa : un laissez-passer Schengen en dentelles

par 

- VENISE 2014 : Le film palestino-italien présenté en avant-première dans la section Orizzonti, est un acte fou de solidarité pour ceux qui fuient les combats en Syrie

Io sto con la sposa : un laissez-passer Schengen en dentelles

Place à l’action à la 71e Mostra de Venise avec le film palestino-italien Io sto con la sposa [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
. Ce documentaire, réalisé par le poète et critique littéraire syro-palestinien Khaled Soliman Al Nassiry, le journaliste italien Gabriele Del Grande et Antonio Augugliaro, est non seulement un acte militant audacieux, mais aussi un acte de fou de solidarité.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Le film s’ouvre sur une réunion. Dans un appartement de Milan, les réalisateurs, entourés de quelques amis, mettent au point les derniers détails pour entamer un cortège nuptial à travers l’Europe, qui permettra à cinq immigrés syriens et d’origine palestinienne, ayant fui la guerre en Syrie, de trouver refuge en Suède.

L’Europe sans frontières est un rêve appartenant aux Européens. Pour ces hommes et femmes miraculeusement arrivés en vie à Lampedusa, le voyage Milan – Malmö est un vrai défi. Nombre d’entre eux font appel à des passeurs, qui en plus de leur soutirer des sommes faramineuses, les abandonnent souvent en cours de route dans les filets des patrouilles de frontières.

« Mais qui aurait envie d’interrompre un cortège nuptial ? » Faute de passeports pour Manar et son papa Alaa, Mona et Ahmed, et Abdallah – le marié – l’équipe de Io sto con la sposa choisit un laissez-passer en forme de faux mariage.

Tasneem, qui a accepté de jouer le rôle de la mariée, les trois réalisateurs et toute l’équipe, en enfreignant les lois relatives à l’immigration et à l’asile pour aider ces cinq personnes à gagner la Suède, risquent gros : une peine de quinze ans de prison.

Quatre jours de tournage, du 14 au 18 novembre 2013, est le temps nécessaire pour parcourir l’itinéraire Milan – Marseilles – Bochum – Copenhagen – Malmö. Au cours de la première journée, les mariés et les convives abandonnent leurs chauffeurs italiens pour passer à pied – et en habits de fête ! – le « Passo della morte », passage autrefois emprunté par les Italiens voulant rejoindre illégalement la France.

Le reste du voyage se fait principalement en voiture. La proximité avec la caméra est troublante. Elle est témoin des larmes, de l’angoisse, de la nostalgie, de beaucoup d’amour et de la continuelle réflexion de l’être humain sur la mort. Les larmes aux yeux, Tasneem rappelle que « la mort que tu crains, ce n’est pas quand toi tu meurs. C’est quand celui qui est à côté de toi meurt. »

Le bagage le plus difficile à porter est celui d’avoir laissé ses proches en Syrie. La caméra, réelle confidente, capte subtilement cette sensation dérangeante de se trouver dans une impasse truffée d’inconnues : celles du futur en exil et celles des êtres aimés que l’on a dû quitter.

Io sto con la sposa a été financé par une campagne de crowdfunding menée sur indiegogo de mai à juillet 2014. 2617 crowdfunders ont contribué avec des montants variant entre 2 et 500 €. La campagne qui visait une levée de fonds de 75 000 € a finalement récolté 98 151 €.

D’après Gabriele Del Grande, écrivain et journaliste italien spécialiste de l’immigration s’étant rendu en Syrie en 2012, l’ingrédient principal du film n’est pas la dénonciation mais bien l’espoir. L’équipe au grand complet aura tout de même réussi à attirer les regards lors de son passage sur le tapis rouge de la Mostra le 4 septembre, puisque les femmes s’y sont toutes rendues vêtues de robes blanches.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy