email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2015 Forum

Hedi Schneider is Stuck : une bluette pour un coup de blues

par 

- BERLIN 2015 : Le deuxième long métrage de la Munichoise Sonja Heiss raconte la dépression ordinaire d'une petite femme guillerette

Hedi Schneider is Stuck : une bluette pour un coup de blues

Avec son petit vélo, sa charmante étourderie et sa tendance à voir la vie avec bonne humeur, l'héroïne éponyme de la coproduction germano-norvégienne Hedi Schneider is Stuck [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Sonja Heiss
fiche film
]
de Sonja Heiss, présentée au 65ème Festival de Berlin dans la section Forum, rappelle un peu l'attachant personnage central de Be Happy de Mike Leigh, qui a valu à Sally Hawkins un Ours d'argent en 2008. La première scène du deuxième long métrage de la réalisatrice munichoise (après l'aventure asiatique en auberge de jeunesse Hotel Very Welcome, qui remonte à 2007) est assez sympathique : on y voit Hedi (Laura Tonke), réagir avec humour à un petit dysfonctionnement quotidien, un ascenseur bloqué où lui parvient la voix d'un employé sans joie qui lui recommande de ne pas paniquer alors qu'elle est parfaitement calme et souriante.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Et puis soudain, au moment même où un de ses collègues vient de tenter un geste désespéré, la gentille épouse et mère de famille joueuse, parfois un peu infantile, fait un malaise qu'elle prend pour une hypoglycémie, suivi d'une vraie crise de panique. Le diagnostic est sans appel : ce mal-être inopiné est bel et bien une dépression. Notre héroïne perd subitement tout son entrain et se replie sur elle-même, assistée par des médicaments dont elle abuse un peu trop (parce que sans eux, la douleur est insupportable) et surtout par son gentil mari Uli (Hans Löw), plus compréhensif mais impuissant, tandis que leur jeune fils se met à bouder cette situation qu'il n'a aucun moyen d'appréhender. 

Simplement, sans grandes démonstrations scénaristiques ou visuelles, Heiss montre la solitude et le désespoir qui accompagnent cette maladie invisible et apparemment insurmontable qu'est la dépression. Elle raconte aussi la détresse de l'entourage du dépressif, qui ne peut qu'attendre que ça passe, et leurs doutes quand la joie revient doucement, mais qu'on ne sait pas s'il faut l'interpréter comme telle ou comme une instabilité. Elle dit aussi qu'on peut guérir de la dépression, presque aussi mystérieusement qu'on y succombe.

Hélas, passées les premières scènes, touchantes et amusantes parce que le personnage de Hedi l'est, l'humilité de l'approche de la scénariste-réalisatrice se retrouve dans sa mise en scène et ses dialogues, rapprochant davantage Hedi Schneider is Stuck de la fiction télévisée que de l'oeuvre qui nécessite d'être vue sur grand écran – bien que la scène finale, pure comme l'innocence, soit assez plaisante. On peut aussi imaginer que ceux-là, parmi les spectateurs, qui ont vécu de plus près la dépression, pourraient trouver superficielle la présentation qu'en fait Heiss, car cette maladie de l'âme est ici détachée de toute cause et finit par passer sans traitement en profondeur, comme si elle n'était qu'une occurrence accidentelle, qui survient et se dissipe sans crier gare. Tel est peut-être le propos de l'auteur (le fait qu'aucune mention ne soit faite de la psychanalyse est peut-être délibéré), mais le film ne va pas assez loin pour qu'on puisse dire ce qu'elle cherche vraiment à nous communiquer, au-delà du fait que la dépression peut arriver à tout le monde et que c'est dur, mais pas irrémédiable.

Hedi Schneider Is Stuck est produit par les Allemands de Komplizen Film et Zweites Deutsches Fernsehen (ZDF) et les Norvégiens de Mer Film, et vendu à l'international par The Match Factory.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy