email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

VENISE 2015 Compétition

Behemoth : Le monstre de la civilisation

par 

- VENEZIA 2015 : Zhao Liang revient à Venise avec son documentaire sur sa Divine Comédie, un voyage dans l’enfer crée par la civilisation

Behemoth : Le monstre de la civilisation

Le réalisateur, primé à de nombreuses reprises, écrivain et directeur de la photographie chinois Zhao Liang présente un autre documentaire courageux sur l’injustice sociale à la Mostra de Venise: Behemoth [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
. Avec ses oeuvres précédentes, le réalisateur a participé à des festivals importants comme Cannes en 2009 avec son documentaire La Cour des plaignants et la Berlinale en 2011 avec Crime et châtiment. Son travail inclue aussi des installations vidéos exposées dans des musées et des expositions du monde entier. La version longue de cinq heures de La Cour des plaignants a été projetée au MoMA de New York en 2013. 

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Avec Behemoth, le réalisateur entreprend un voyage dans l’enfer, exactement comme Dante le fit avant lui dans sa Divine Comédie. Le modèle littéraire confère au film sa structure, le voyage du documentaire à travers l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis (distingués par des écrans de couleur rouge, grise et bleu). Analogiquement au voyage de Dante, le narrateur est accompagné par un guide qui, dans le cas de Zhao, l’amène à une mine de charbon dans les prairies de la Mongolie et à une fonderie de fer, au fur et à mesure qu’ils approchent de l’enfer. Le Purgatoire montre les ouvriers souffrants de maladies causées par leur travail, en attente de soins ou de la mort. Au Paradis, le documentaire dévoile, avec sarcasme, que toute cette souffrance humaine et cette exploitation des ressources naturelles n’ont servi qu’à la création d’une ville fantôme pleine de gratte-ciel modernes et sinistres, résultat d’un rêve immobilier passé. 

Le film touche par ses longues scènes, peignant le paysage dans toute son ampleur, en appuyant  la portée de la destruction, avec cette herbe verte des prairies de Mongolie qui contraste avec les énormes montagnes grises de débris de la mine. Behemoth, le monstre mystique créé par Dieu, apparaît sous différentes formes, comme des machines construites par l’homme, qui travaillent. Les images de la mine semblent venir d’une autre planète, avec ces machines qui effectuent leur propre travail, comme guidées par un doigt magique. Dans l’obscurité, l’air est saturé de nuages de poussière qui font encore d’avantage briller les petites lampes des machines. Les nuances de rouge s’intensifient au fur à mesure que le film s’aventure dans le foyer de l’enfer, vers les flux lumineux orangés, du métal en fusion. La pente est très rude dans cette longue séquence de l’ascenseur, qui emmène les hommes toujours plus en profondeur de la mine. Plus ils descendent, plus le bruit des foreuses devient assourdissant et plus les explosions de cette montagne mise en pièces deviennent infernales. Chaque scène audio-visuellement intense est suivie par un moment calme et serein, dans lequel on voit les ouvriers se laver chez eux et redevenir humains. Les premiers plans, insistant sur les visages sales des ouvriers, leur donnent finalement une présence à l’écran satisfaisante. Alors que les images des travailleurs sont présentées avec un style qui relève plus de l’observation, les moments guidés par la voix-off introduisent d’avantage des effets visuels, travaillant sur la matérialité du film et divisant les images à l’écran, comme si le spectateur, lui-même, regardait à travers un verre cassé. 

Zhao Liang choisi de laisser parler les images et le sonore pour raconter l’histoire de son voyage dans l’avidité de la civilisation, en effet, il n’y a pas de dialogue à part quelques interventions intermittentes de la voix-off. Et d’ailleurs, il n’y aurait rien à ajouter. 

Cette coproduction franco-chinoise avec Arte France sera retransmise sur Arte le 19 novembre et est produite et vendue à l’étranger par l’INA.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy