email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

CINÉMAMED 2015

Ungiven : les saisons de l'esprit

par 

- Le Croate Branko Schmidt propose un film bouleversant sur un couple âgé qui doit affronter la routine, les attitudes patriarcales et le lent progrès de la démence sénile

Ungiven : les saisons de l'esprit
Ivo Gregurević et Nada Đurevska dans Ungiven

La 15ème édition du Festival du film méditerranéen de Bruxelles bat son plein depuis le 4, et ce jusqu'au 11, pour présenter au public de la capitale belge des films de différents pays européens. Parmi les films en compétition figure Ungiven [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
du Croate Branko Schmidt, lauréat de deux prix cette année au Festival du film croate de Pula (meilleur scénario et meilleur montage - lire l'article), en plus du Prix du jury oecuménique de Cottbus (lire l'article). Le film raconte l'histoire d'un couple croate âgé qui retourne dans leur village natal après la guerre. Il a été produit par Goran Radman pour Hrvatska radiotelevizija (HRT).

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Kata et Slavko (formidablement incarnés par Nada Đurevska et Ivo Gregurević) reviennent dans leur campagne natale après plusieurs années de conflit, mais leur vieille ferme a été presque détruite par la guerre. Déterminés à aller malgré tout de l'avant, ils décident de la restaurer et de commencer une nouvelle vie. Hélas, il n'y a pas que les murs de leur maison qui sont tombés en ruines : leur relation souffre du tempérament agressif de Slavko et de la mémoire de plus en plus vacillante de Kata, qui le rend encore plus bourru. Le film suit leurs échanges quotidiens et leurs activités de tous les jours (faire le café, recueillir de l'eau, réparer la ferme...) pendant quatre saisons, chacune représentant un chapitre d'une évolution inéluctable : chaque jour, elle est de plus en plus absente et déprimée, et lui irritable et frustré. Son tempérament têtu, par atavisme patriarcal, l'empêche de se rendre compte que sa femme souffre d'une maladie, ou du moins s'en rend-il compte très tard. Quand il comprend, Slavko se met à déployer des trésors de gentillesse et de compassion, modifiant son comportement pour Kata et prouvant ainsi son amour pour elle, alors qu'il était avant à presque imperceptible.

Bien que le récit soit un peu simple, d'autant plus qu'il s'appuie sur la répétition, Ungiven pose un regard touchant sur la démence sénile et la manière dont la maladie s'insinue dans la dure routine quotidienne et la relation intime d'un vieux couple. Le titre croate du film, Imena Visnje (litt. “le nom des cerises”), renvoie au désir de Kata de planter un cerisier dans le jardin pour préparer des desserts pour ses petits-enfants. Cela va devenir une décision clef pour Slavko (qui rejette d'abord cette idée comme vaine), tout en fournissant une conclusion émouvante au récit, car cette histoire de cerisier va conduire au geste d'amour et de rédemption par excellence, alors que Kata n'arrive même plus à se rappeler ses enfants. Ungiven est une jolie réflexion cinématographique sur le temps, la mémoire et la perte doublée d'une analyse des conséquences tragiques des valeurs patriarcales, en particulier de la difficulté à s'émouvoir pour ses proches et à essayer de les comprendre.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy