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IFFR 2016

Bodkin Ras : Un récit documentaire expérimental au message humaniste

par 

- L’artiste néerlandais Kaweh Modiri développe un récit de fiction avec une approche documentaire

Bodkin Ras : Un récit documentaire expérimental au message humaniste

La section Bright Future du 45e Festival international du film de Rotterdam, qui “rassemble les concepts les plus novateurs et les cinéastes dont les œuvres contribuent à enrichir le paysage cinématographique”, d’après le président du festival Bero Beyer, a accueilli cette année le film Bodkin Ras [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, premier long-métrage de l’artiste et réalisateur néerlandais d’origine iranienne Kaweh Modiri. Celui-ci avait déjà bouleversé la frontière entre la fiction et le documentaire avec le court-métrage My Burglar and Me, qui avait également été projeté en avant-première mondiale à Rotterdam (en 2011).

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Dans Bodkin Ras, Modiri brouille à nouveau genres et formats en entrecoupant son scénario d’histoires vraies pour modifier la notion de docu‑fiction telle que nous la connaissons. La prolifération récente d’œuvres à mi-chemin entre le documentaire et la fiction a permis l’apparition de ce nouveau genre, mais le réalisateur de Bodkin Ras a fait le choix d’accorder dans son film une place un peu plus importante à la réalité, puisqu’il n’a tourné qu’avec les véritables habitants de la ville reculée de Forres, en Écosse, à l’exception de l’acteur principal Sohrab Fazelpour Bayat. Ainsi, ce sont non seulement les visages mais aussi les histoires des habitants de la ville qui font partie intégrante du récit.

Les premières scènes du film mettent en lumière l’intrigue principale : l'histoire d'un fugitif qui peine à s’intégrer à la communauté presque totalement hermétique de Forres, une ville décrite sous un angle presque caricatural qui mêle à l'image d'Épinal la critique subversive des autochtones – parmi lesquels se trouve même un homme appelé Hitler. Dans ces scènes d'ouverture, des interviews face à la caméra (un procédé courant dans le documentaire) ou en voix off offrent l'occasion aux personnages secondaires de donner leur avis sur le héros, tout en évoquant leurs aspirations profondes, leurs blessures psychologiques et leurs doutes. Tout ceci se marie sans problème avec l’ambiance plus sombre de thriller qui se dégage en arrière-plan au fil du film, et le procédé permet d'avoir une vision humaniste de ces gens singuliers que sont les habitants de Forres.

Certaines scènes inattendues nous régalent par leur inventivité, notamment celles dans lesquelles intervient Eddie (Eddie Patton), le receleur de la ville. Une scène en particulier devient progressivement un des moments les plus émouvants du film, sans compromettre sa légitimité dans le récit. Au contraire, elle permet de mieux comprendre le personnage principal et introduit le thème du clivage social (et de la ségrégation) sans pour autant sombrer dans les clichés larmoyants.

Bien qu’il suive principalement les mystères qui entourent le personnage de Bodkin Ras, qui essaye de s’intégrer malgré les personnalités excentriques qui l’entourent, le film dispose d’un autre atout en la personne ô combien intéressante de Red James (James Macmillan), le narrateur avoué du film. Cet Écossais, un ancien détenu, ressemble au personnage principal et se pose en philosophe "populaire" pour lui raconter son parcours et ses opinions, influencés par ses expériences. Il critique en particulier le système, qu’il accuse de favoriser l’exclusion sociale et de générer ainsi des fractures susceptibles de provoquer des drames.

Le réalisateur est parvenu à intégrer ses différentes idées de façon assez homogène, puisque la démarche expérimentale du film est progressivement éclipsée au profit de la dimension humaniste du récit. Malgré un débordement peu utile de sentimentalisme dans la troisième partie du film, Bodkin Ras a le potentiel nécessaire pour être diffusé ailleurs qu’en festival et pourrait bien attirer un large public grâce à ses histoires vraies, à ses personnages et à son atmosphère relativement dépourvue d’excès de sentiments.

Bodkin Ras, coproduit par Raymond van de Kaaij pour Revolver Amsterdam avec la société belge Inti Films et Blue Iris Films,a été financé par le Fonds cinéma des Pays-Bas, le Fonds audiovisuel des Flandres, le fonds Mondriaan Fund/BKVB et la plateforme de financement participatif Voordekunst.

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(Traduit de l'anglais)

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