email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2016 Compétition

Soy Nero : Rafi Pitts stigmatise le comportement américain vis-à-vis de l'Autre

par 

- BERLIN 2016 : La journée américaine de la Berlinale a commencé sous un angle critique par un film sur un jeune Mexicain qui veut devenir un "Green Card soldier"

Soy Nero : Rafi Pitts stigmatise le comportement américain vis-à-vis de l'Autre
Johnny Ortiz dans Soy Nero

Six ans après le magistral récit iranien The Hunter [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, le charismatique cinéaste persan Rafi Pitts revient en compétition à la Berlinale avec Soy Nero [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Rafi Pitts
fiche film
]
, produit par l’Allemagne (Twenty Twenty Films), la France (Senorita Films) et le Mexico. Le titre stigmatise le comportement américain vis-à-vis de l'Autre, à l'intérieur et à l'extérieur de ses frontières, à travers l'histoire de Nero, un jeune Mexicain entré illégalement aux États-Unis qui veut devenir un "Green Card soldier", c'est-à-dire obtenir un permis de séjour en combattant au sein de l'armée américaine, mais ne parvient pas, malgré ses efforts, à ce que soit reconnu son sentiment d'appartenance au pays où il a grandi.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

La première partie de Soy Nero, qui commence par l'enterrement militaire du père avec remise à la famille du drapeau étoilé et par le retour de Nero juste de l'autre côté de la frontière (assez près pour jouer au volley ball avec les jeunes Américains d'en face), le montre dans une position d'immigrant clandestin prêt à tout pour vivre de nouveau aux États-Unis. Il entre en se faisant prendre en auto-stop par un père qui voyage avec sa fillette, un personnage succulent qui représente à lui seul tous les extrêmes typiquement associés aux Américains – tantôt sentencieux et menaçant, tantôt plein d'humour et de bonhommie, l'homme, qui a un revolver dans sa boîte à gants par prudence mais aussi une attitude fanfaronne qui déplaît à la police locale, frôle la bipolarité! Sa destination est Los Angeles, où il va avoir la surprise de retrouver son frère Jesus non pas dans le garage où il le croyait mécanicien, mais dans une villa extravagante de Beverly Hills qui donne lieu à des scènes et dialogues également savoureux.

La deuxième moitié du récit, à l'humour tout aussi impertinent et sarcastique (on peut citer la scène de l'arrivée de Mohammed du Michigan, celle du démineur nommé Armstrong qui avance comme un astronaute dans sa combinaison renforcée...), montre notre jeune héros au combat au Moyen-Orient en compagnie d'autres jeunes gens qui, tout comme lui, se sentent un peu perdus ainsi livrés à eux-mêmes au milieu du désert, pour une cause qu'ils comprennent mal – ce qui rend le combat à mort qui s'ensuit encore plus absurde.

Tout au long du film, Rafi Pitts égrène avec une rare intelligence des dialogues dont chaque mot, lourd de sens ou prononcé sur le ton de la boutade (car on rit étonnamment souvent, d'un bout à l'autre du récit), est soigneusement pesé. Il en va de même pour toutes les scènes (qui retracent une à une les étapes du parcours de Nero), toujours parfaitement composées et dynamiques tout en laissant au spectateur le temps de s'y mettre à l'aise, et de jouir pleinement de tous leurs aspects et niveaux de sens sans cesser de sourire, malgré tout, devant le culot et la sagacité de Pitts, c'est-à-dire sa capacité à évoquer des situations très sérieuses sans perdre de vue leur ironie.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy