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TRANSYLVANIE 2016 Compétition

Remainder : reconstruire la mémoire

par 

- L'adaptation par le vidéaste Omer Fast du thriller de Tom McCarthy, qui brouillait la réalité, est en compétition à Cluj

Remainder : reconstruire la mémoire
Tom Sturridge dans Remainder

Pour faire ses débuts dans le long-métrage de fiction, le vidéaste israélien Omer Fast a choisi d'adapter un roman de l'artiste et auteur britannique Tom McCarthy, Remainder [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
. Le résultat est en compétition au Festival international de Transylvanie. Le roman, d'abord publié par un éditeur français en 750 exemplaires dans le cadre d'un projet artistique, a ensuite été réédité à plus vaste échelle. McCarthy résume ainsi son intrigue : “le héros construit des décors de film, mais il n'y a pas de film". De fait, son livre se prêtait naturellement à une adaptation cinématographique. Dans son travail, Fast enquête sur les tropes principaux de la psychologie du traumatisme, sur la relation entre la mémoire et la reconstruction, et sur le lien entre le réel et non-réel – ce qui correspond bien aux motifs du roman.

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Le film s'ouvre sur un accident tragique et bizarre à la Donnie Darko. La victime, Tom (Tom Sturridge), se voit alors proposer 8,5 millions de livres sterling s'il accepte de ne plus jamais en reparler. Il prend l'argent mais il s'avère par la suite que l'accident a non seulement marqué son corps (il y a perdu un membre et gagné de nombreuses cicatrices), mais aussi affecté son état mental. Il se réveille de son coma dans une réalité différente qu'il ne se rappelle plus et donc s'accroche avec la raideur d'un macchabée à une série de souvenirs flous qu'il s'entête à reconstruire dans le moindre détail. Ce drôle de hobby va devenir une obsession et, en bon millionnaire excentrique, Tom passe des figurines de carton aux reconstitutions à grande échelle, ce qui achève de l'enfermer dans une réalité alternative méticuleusement fabriquée.

La structure de Remainder renvoie de plus au plus aux films à énigme, sans l'atmosphère de mystère total et l'aspect clinique, à mesure que le personnage se lance dans des reconstitutions de plus en plus grandes et réalistes. Un peu comme dans Synecdoche, New York de Charlie Kaufman, le récit devient une répétition en boucle des mêmes événements. À partir de ses reconstitutions plus détaillées, Tom trouve des défauts accidentels dans les manifestations en forme de déjà vu de la réalité qu'il met en scène si précautionneusement – mais n'est pas une fissure dans un mur qui a lancé ce manège incessant, cette répétation maladive. En même temps que Fast effectue sa plongée psychonautique dans un esprit dérange, il enclenche une intrigue parallèle enchevêtrée dans la première qui prend le ton d'un thriller de cambriolage paranoïaque, où le héros joue peut-être un rôle, mais peut-être pas. Le réalisateur explore ce faisant non seulement la frontière entre le réel et ce qui ne l'est pas ainsi que les effets du traumatisme sur la mémoire, mais aussi les conventions de l'art vidéo et du film de genre dans une oeuvre fonctionnelle et homogène qui crée entre les deux approches une belle synergie.

Les décors sont moins opulents que ceux de Synecdoche, New York, mais cela reflète bien le retrait que le personnage opère par rapport à la réalité extérieure tout en permettant de se concentrer sur la complexité des sujets et motifs que Fast dissèque. L'aspect un peu monochrome de l'image lui donne une dimension aseptisée qui correspond bien à l'état de la mémoire du personnage et à sa réalité reconstruite – une fiction dans laquelle Tom tombe en chute libre.

Remainder a été coproduit par la société britannique Tigerlily Films avec l'allemande Amusement Park Films. Ses ventes internationales sont assurées par The Match Factory. Soda Pictures lancera le film sur les écrans d'Outre-Manche le 24 juin.

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(Traduit de l'anglais)

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