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COTTBUS 2016

Incarnation : un thriller existentialiste en forme de spectaculaire jeu vidéo

par 

- Dans son 1er film, à travers un personnage perdu dans une histoire qui reprend toujours au début, le Serbe Filip Kovacevic re-pose l’éternelle question du Qui suis-je ?/D’où viens-je ?/Où vais-je ?

Incarnation : un thriller existentialiste en forme de spectaculaire jeu vidéo

Le réalisateur, scénariste et producteur serbe Filip Kovacevic (mathématicien de formation), qui a fait partie des hôtes du 26e Festival du cinéma est-européen de Cottbus, a confié à Cineuropa que son premierlong-métrage, Incarnation [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, sélectionné dans la section Spektrum, est avant l’histoire d’un homme perdu, un motif aux accents existentiels qui sert ici non seulement de prémisse mais aussi de ressort narratif tout au long du thriller. 

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En effet, le personnage principal (Stojan Djordjevic), dont on ignore le nom puisque lui-même l’a oublié, comme il le constate quand il se réveille, au tout début du film, sur un banc au milieu d’une place animée du centre historique de Belgrade, va vivre tout au long du film une situation d’éternel recommencement à l’identique, ou presque. Sans aucune idée de ce qu’il est ou de ce qu’il doit faire, ni de qui sont les hommes masqués de blanc qui le tuent à chaque fois, le ramenant à son point de départ, sur le même banc, il essaie toutes les voies possibles pour échapper à ce cycle et comprendre ce qui lui arrive.

La paranoïa et le climat de persécution en plus, le héros se trouve exactement dans la même situation qu’un personnage de jeu vidéo, et ce parallèle ressort de plus en plus nettement à mesure que le film avance, soutenu par le mouvement de la caméra et les angles choisis, la répétition lancinante d’un accord de film d’action effrayant et lourd de suspense joué crescendo par des cuivres, la topographie de l’action (de la place en étoile où l’on revient toujours aux nombreux couloirs et tunnels que le personnage parcourt aux intérieurs étranges où il se retrouve, en passant par une étendue déserte de film fantastique), les objets/indices que notre héros collecte au fur et à mesure, l’impassibilité des visages, à commencer par les masques des méchants.

De ce type d'univers fictionnel, dont Kovacevic imite la forme avec brio (quoique le jeune réalisateur considère le jeu vidéo plus comme une influence que comme une référence directe), il reprend aussi en grande partie les limites (c’est-à-dire l’interdétermination), d’une manière qui invite à réfléchir sur la notion de récit elle-même. Son héros, qu’on ne quitte presque jamais des yeux, et dont les choix déterminent la manière dont tout se meut autour de lui (ou inversement, dont tout devient quasi-statique, comme en attente, quand il est à l’arrêt), est en effet comme un personnage en quête d’auteur qui ne se rend pas compte que cette instance, qu’il cherche désespérément, est toujours déjà en lui.

À la lumière de ce début de réponse, son anonymat absolu cesse d’être une absence d’information pour revêtir une signification particulière, car il rapproche son désemparement de celui de tout un chacun (pour ne pas dire de n’importe qui) face à l’existence et au destin, désespérant comme une fiction incomplète dont le sens n’apparaît vraiment qu’à la fin, quand on l’a définitivement quittée.

Le film a été produit par VOID Pictures et coproduit par Viktorija Film.

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