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TORONTO 2017 Platform

Beast : sur le fil du couteau

par 

- TORONTO 2017 : Ce premier long-métrage par Michael Pearce est une oeuvre à plusieurs niveaux, remarquablement mise en scène, qui surprend du début à la fin

Beast : sur le fil du couteau
Jessie Buckley et Johnny Flynn dans Beast

Un récit à plusieurs niveaux sur une attirance fatale entre deux âmes fragiles et compliquées, Moll (Jessie Buckley) et Pascal (Johnny Flynn) : voilà ce que propose le Britannique Michael Pearce dans son premier long-métrage, Beast [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Michael Pearce
fiche film
]
, au programme du Festival de Toronto dans la section Platform. L’histoire se passe à Jersey, alors que les habitants de l’île sont terrorisés par une série de meurtres brutaux commis par un tueur en série – un fil narratif qui fait écho au cas de la Bête de Jersey, un pédophile qui a échappé à la police pendant une décennie dans les années 1960. Pearce mêle habilement les genres (thriller psychologique, film d’horreur, histoire d’amour) pour maintenir le récit sur le fil du couteau, tandis que les forces de l’ordre commencent à suspecter le mystérieux Pascal. 

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À en croire ce film, Buckley à l’étoffe d’un star. La jeune actrice, connue pour avoir incarné Princesse Maria dans l’adaptation de Guerre et paix diffusée l’année dernière sur BBC, fait preuve d’une belle capacité à jouer à la fois les victimes et les agresseurs dans le rôle difficile de Moll Huntford. Au début, le personnage éveille la sympathie. À son 27e anniversaire, sa mère Hilary, une femme austère jouée avec un froid dédain de circonstance par Geraldine James, semble plus intéressée par l’annonce d’une grossesse surprise que par la fête de sa fille. Sur un coup de tête, Moll s’enfuit et va en boîte de nuit, et c’est là que le film se met vraiment à jouer avec l’idée que la douleur est proche du plaisir. 

Le génie de la patte de Pearce, c’est que chaque scène est à double tranchant, avec des personnages qui peuvent d’abord sembler sympathiques puis se transforment d’un coup en tout l’inverse. Au terme d’une longue nuit, Moll est sauvée d’une agression par un chevalier blanc, qui n’est autre que Pascal et son fusil. Avec ses cheveux fins et son abord taiseux, on le croirait tout droit sorti d’un clip de rock indé du début des années 1990. Naturellement, Moll est séduite.

L’histoire est racontée selon le point de vue de Moll, et tandis qu’on en apprend plus sur son état psychologique, on sent confusément qu’elle n’est peut-être pas la narratrice la plus fiable. Soudain, on ne sait plus s’il faut se méfier de Pascal ou d’elle ou de quelqu’un d’autre. Dans une scène magnifique qui marque fortement l’esprit, Moll est tout simplement assise sur un canapé, avec de la terre sur sa peau et une manière de respirer et de se tenir qui semble presque animale. Est-ce là la Bête du titre qu’on voit ? Là, par exemple, ce personnage qui fait d’abord figure de victime devient quelque chose d’autre, de singulier, sauvage et prédateur. Plus on s’enfonce dans les tréfonds de l’âme de Moll, plus elle dégage quelque chose de vaporeux. Avec son comportement étrange, elle tient presque de l’héroïne de Lars von Trier. On peut aussi la décrire comme un Petit Chaperon rouge qui chasserait le loup.

De l’autre côté de la médaille, quand sont évoqués sa vie domestique compliquée, son travail comme guide touristique et l’enquête de police, la mise en scène est d’une précision qui rappellerait plutôt Michael Haneke, un maître pour ce qui est de faire apparaître le quotidien comme noir et brut. Les seules scènes qui n’atteignent pas les mêmes sommets sont celles dédiées à l’enquête, qui manquent un peu d’énergie. En tant que telles, ces scènes renvoient plus au drame domestique. Cela dit, ce n’est qu’un petit bémol dans un film qui surprend du début à la fin. Il faut louer aussi pour son travail le directeur de la photographie, Benjamin Kračun, qui est parvenu à combiner réel et fantastique en ne touchant que très discrètement à sa palette de couleurs. 

Beast, produit par Agile Films et Stray Bear avec la participation de Film4 et du BFI, a été soutenu par le TorinoFilmLab. Les ventes internationales du film sont assurées par Protagonist Pictures.

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(Traduit de l'anglais)

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