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CANNES 2018 Compétition

Critique : Cold War

par 

- CANNES 2018 : Pawel Pawlikowski retravaille les composantes de son film oscarisé Ida et nous livre un autre formidable conte qui a toutes ses chances pour la Palme

Critique : Cold War
Joanna Kulig dans Cold War

Pawel Pawlikowski revient sur les écrans avec Cold War [+lire aussi :
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, un conte en noir et blanc, plein de musique, dont les personnages habitent ce monde de secrets qu'était la vie de l'autre côté du Rideau de fer, et on peut avancer que ce film ensorcelant vient de s'inscrire parmi les prétendants les plus sérieux à la Palme d’or du 71e Festival de Cannes. Au coeur du film : une histoire d'amour passionnée entre le musicien et metteur en scène de théâtre Wiktor (Tomasz Kot) et la jeune chanteuse Zula (Joanna Kulig) qui se noue au premier regard, quand elle vient auditionner pour un projet de spectacle sur le folklore polonais par le Mazowsze Folk Ensemble, censé remonter les bretelles du pays après la Seconde Guerre mondiale. Les scènes d'ouverture du film, tournées dans des paysages froids et enneigés, montrent combien la musique est un moyen de survie pour le peuple polonais, encore traumatisé par la loi nazie qui vient d'être enfin mise en échec : bien que les Allemands soient partis, l'hiver du pays n'est pas fini. 

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Wiktor est un homme raffiné, de classe sociale élevée, alors que Zula, de condition modeste, a été condamnée à de la prison avec sursis pour avoir tué son père. L'action se déroule sur 15 ans, pendant lesquels on voit le couple se séparer et se retrouver plusieurs fois. Pawlikowski a choisi un déroulement épisodique et se concentre sur leurs retrouvailles successives (en Pologne, en Allemagne, en Yougoslavie, en France...), laissant le public compléter lui-même les espaces blancs, un dispositif narratif efficace et intelligent dont l'impact émotionnel n'en est que plus fort. Des indices sur ce qui est arrivé aux amants et sur les personnes qu'ils sont devenus sont contenus dans les airs incroyables qu'on entend au fil du film. Quand le gouvernement communiste jette son dévolu sur la troupe folklorique polonaise, cela crée une séparation entre Wiktor et Zula. Cette dernière est la plus forte des deux : c'est une fille qui survit, ce qui signifie qu'elle maîtrise ce jeu mieux que Wiktor, qui part en exil. Le sort semble s'être ligué contre eux.

Comme dans L'insoutenable légèreté de l'être de Milan Kundera, l'histoire d'amour des deux héros n'est que le premier plan d'une récit plus vaste sur la manière dont les forces en présence dans la société peuvent contrôler nos vies. Pawlikowski nous propose ici un film romantique avec un message politique fort qui résonne encore aujourd'hui. L'histoire s'inspire de celle des parents du réalisateur, dont il a repris les noms et auxquels il dédie le film. C'est un couple fait pour être ensemble, mais qui n'arrive jamais à être ensemble vraiment. C'est le trope romantique classique des partenaires faits l'un pour l'autre qui n'arrivent pas à y arriver. Et l'ensemble fonctionne à merveille. On croirait presque ces personnages tout droit venus d'un film de Bergman. Si on ajoute à cela la photographie superbe de Lukasz Żal (nominé aux Oscars pour son travail sur le premier film de Pawlikowski, Ida [+lire aussi :
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), qui rappelle dans la seconde moitié du film la Nouvelle Vague française. Du fait des mouvements de caméra, souples, le film dégage plus d'énergie et de liberté qu'Ida, quoiqu'il semble de fait parfois se perdre dans les mêmes méandres que ses personnages. Les acteurs qui interprètent ici les seconds rôles (Agata Kulesza, Jeanne Balibar et Cédric Kahn) sont excellents. 

Cold War est une coproduction entre la Pologne, la France et le Royaume-Uni qui a réuni les efforts d'Opus Film, mk2 Films, Apocalypso Pictures et ARTE France Cinéma, en association avec Protagonist Pictures et avec le soutien de l'Institut du cinéma de Pologne, du CNC, de Film4 et du British Film Institute. Les ventes internationales du film sont assurées par Protagonist Pictures et mk2 Films.

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(Traduit de l'anglais)

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