email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

CANNES 2018 Quinzaine des Réalisateurs

Critique : Teret (La Charge)

par 

- CANNES 2018 : Le premier long de fiction d'Ognjen Glavonić pose un regard dur sur un crime de guerre commis au Kosovo et sur ses implications, avec un incroyable Leon Lučev dans le rôle principal

Critique : Teret (La Charge)
Leon Lučev dans Teret (La Charge)

Teret (La Charge) [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Ognjen Glavonić
fiche film
]
, premier long-métrage de fiction du Serbe Ognjen Glavonić (après le documentaire Depth Two [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
, présenté au Forum du Festival de Berlin en 2016), vient d'être projeté en avant-première mondiale à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes. Ce road movie avec des éléments de thriller parle de nouveau d'un crime de guerre commis au Kosovo en 1999, lors des bombardements par l'OTAN. 

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Alors que Depth Two était rempli jusqu'à ras bord d'informations, avec Teret (La Charge), Glavonić nous livre une oeuvre plus atmosphérique, qui suggère beaucoup plus qu'elle ne montre, où l'on suit un camionneur, Vlada (incarné par la star croate Leon Lučev), qui transporte une marchandise non-identifiée du Kosovo vers Belgrade.

Entre le moment où Vlada se met au volant du camion, dans un dépôt au Kosovo, et celui où il le livre à Belgrade, la caméra de la chef-opératrice Tatjana Krstevski est avant tout tournée vers le camionneur dans sa cabine et vers son visage, où se lisent son angoisse et sa douleur par rapport à sa situation, mais aussi les souvenirs qui l'habitent et les questions que sa situation le force à se poser. Il ne sait pas ce qu'il transporte, mais comme il doit opérer dans le plus grand secret et qu'on lui a dit de ne pas s'arrêter avant d'atteindre sa destination, il imagine bien que la marchandise qu'il convoie n'est pas quelque chose d'ordinaire. Cependant, comme Vlada a une famille à nourrir, par temps de guerre, c'est son absolue priorité. 

En chemin, il laisse monter à bord une auto-stoppeuse adolescente, Pava (Pavle Čemerikić), qui part en Allemagne pour y trouver une vie meilleure. Comme elle connaît le chemin, elle l'aide à naviguer, au moment où la route se retrouve bloquée par une voiture en feu. Alors qu'ils s'apprêtent à fuir du côté des collines, un agent les arrête, mais quand Vlada lui remet le document glissé dans une enveloppe bleue que lui ont donné ses employeurs, le policier se confond en excuses.

Pava représente la génération de Glavonić, qui a grandi pendant la guerre – elle a un groupe de musique punk, chose courante dans les années 90 chez les jeunes, et joue même une chanson à Vlada, lui-même père d'un garçon adolescent. Ce segment du film ajoute un élément de contexte générationnel, de même qu'une histoire de briquet donné à Vlada par son père à lui, qui s'est battu pendant la Seconde Guerre mondiale. Qu'on se rassure cependant : aucun sentimentalisme ne ressort de ce film dur et inévitablement sombre, filmé dans une palette de couleurs passées, entre gris et beige, parmi les maisons en ruines, les chemins boueux et les voitures rouillées. Le ton choisi par le réalisateur évoque la voix basse, presque le grognement d'un animal blessé, mais dangereux. 

Tout au long du film, la guerre reste en toile de fond : au début, on voit les éclats de missiles, par-delà les collines, au loin, sans en entendre le bruit, ou à peine. Contrairement à l'enquête sur le crime de guerre traité qu'il menait dans son documentaire Depth Two, à partir des faits, dans Teret (La Charge), Glavonić nous offre le tableau d'une société et du destin des êtres humains en temps de guerre, ainsi que son opinion sur ce que sa génération a hérité de la précédente. 

La plus grande réussite du film, c'est la manière avec laquelle il parvient à transmettre tout cela au public avec des moyens très réduits. Il a fallu pour cela un acteur très spécial : Lučev livre ici une performance presque incroyable qui rend l'exécution du regard du réalisateur non seulement possible, mais remarquablement claire.

Teret (La Charge) a été coproduit par Non-Aligned Films (Serbie), Cinéma Defacto (France), Kinorama (Croatie) et Three Garden Films (Iran). Les ventes internationales du film sont assurées par l'agence polonaise New Europe Film Sales (Varsovie).

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy