13/12/2022 - Guillaume Renusson signe une très belle entrée dans le long métrage dans le sillage des excellents Denis Menochet et Zar Amir Ebrahimi, traqués en montagne, à la frontière franco-italienne

"Je ne veux pas d’argent, je ne veux pas d’histoires". Engoncé dans son énorme chagrin de veuf, Samuel n’avait pas prévu une rencontre totalement inattendue au milieu de nulle part, dans les montagnes alpestres, du côté italien où il possède un chalet isolé. Surgit au détour de son existence l’Afghane Chehreh qui tente de passer clandestinement la frontière pour rallier la France, en jeans et baskets dans la neige profonde. Tel est le déclencheur du palpitant premier long de Guillaume Renusson, Les Survivants [+lire aussi :
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fiche film], un film de genre très physique et de traque très réaliste dans le "grand blanc", projeté au 14e Les Arcs Film Festival, en amont de sa sortie française qui sera pilotée par Ad Vitam le 4 janvier 2023.

Pour Samuel (Denis Menochet), les migrants errant dans le froid glacial aux abords de la frontière, se cachant et fuyant les vigoureuses interpellations policières, ne sont que des présences fantomatiques entraperçues fugitivement, de l’autre côté de la vitrine d’un bus par exemple. Notre homme, un Français en arrêt de travail et en fin de rééducation, est plongé dans de profonds problèmes personnels, à la lisière de la grave dépression, à cause de la mort de sa femme quelques mois auparavant dans un accident de voiture, non loin du chalet que le couple possédait en Italie. Laissant sa petite fille à la garde de son frère, Samuel se rend un week-end sur place, pour se confronter à ce très lourd karma. Mais durant la nuit, une femme entre par effraction dans la maison : une migrante afghane prénommée Chehreh (Zar Amir Ebrahimi, récompensée à Cannes pour Les nuits de Mashhad [+lire aussi :
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interview : Ali Abbasi
interview : Ali Abbasi
interview : Zar Amir Ebrahimi
fiche film]). S’enclenche une mécanique de circonstances qui précipite Samuel au cœur d’une éprouvante aventure car trois locaux de sa connaissance veulent stopper à tout prix ("on est chez nous") le passage de la frontière par la migrante. Ils accusent Samuel, qui voulait simplement indiquer à Chehreh la direction de la France à travers la montagne enneigée, d’être un passeur. Une traque (drone, motoneige, chien, fusil, etc.) commence dans la nature hostile.

D’une intensité physique rare, Les Survivants retrace les étapes du véritable chemin de croix des deux protagonistes (un très bon scénario écrit par le réalisateur avec Clément Peny), progressant péniblement dans la poudreuse, les nuits glaciales et les sous-bois, traversant une station de ski déserte en avant-saison et devant se battre (très brutalement) contre leurs poursuivants. Mais les deux traqués (de remarquables interprètes) apprennent aussi à dépasser leurs suspicions réciproques initiales et à se connaître (Chehreh était institutrice et dans son périple migratoire vers l’Europe, elle a été séparé de son mari, ancien traducteur pour l’armée française en Afghanistan). Film de genre très réussi et inédit dans le cinéma français, Les Survivants distille par petites touches intelligentes, mais toujours à travers l’action, sa vision humaniste des différentes facettes d’une situation migratoire tendue à la frontière franco-italienne. Un mélange qui crée une sorte de western contemporain social haletant faisant ouvrir les yeux à son protagoniste français qui se reconstruit et opère une forme de rédemption à travers l’assistance à autrui.

Produit par Baxter Films et Les Films Velvet, Les Survivants est vendu à l’international par WTFilms.