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BERLINALE 2023 Compétition

Critique : Bad Living

par 

- BERLINALE 2023 : João Canijo propose un drame familial qui paraît suffocant et sombre, mais fait lentement son chemin en vous et ne vous quitte plus, pour le meilleur ou pour le pire

Critique : Bad Living
Anabela Moreira et Madalena Almeida dans Bad Living

Léon Tolstoï a écrit un jour que chaque famille malheureuse est malheureuse à sa propre manière. Cette réflexion ferait un sous-titre parfait pour le nouveau film de João Canijo, Bad Living [+lire aussi :
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, même si le réalisateur dit qu’il a été inspiré par un autre grand auteur à cheval entre le XIXe siècle et le début du XXe siècle, August Strindberg. Son film, un drame familial projeté en compétition à Berlin, est parfois suffocant et difficile à suivre, car les cinq femmes autour desquelles tourne l’histoire discutent de beaucoup de problèmes personnels et d’événements du passé. Certaines de ces conversations ne sont entendues que de derrière une porte ou du couloir par Piedade (Anabela Moreira), qui est une figure clef dans ce casse-tête émotionnel. Parfois, le public est placé dans une position similaire, car le réalisateur a opté pour une caméra fixe, or certaines des discussions se passent en dehors du champ ou à sa limite extrême. Ce dispositif trouble un peu, au début, mais c’est une stratégie efficace pour qu'on forme un lien avec Piedade et le reste de sa famille toxique. C’est aussi une bonne manière de rendre compte d'un des thèmes fondamentaux de Bad Living : l'incapacité à avoir une conversation directe, ouverte, et impartiale.

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Avec sa famille, Piedade tient un hôtel quelque part au Portugal, et c’est la seule chose qui l'intéresse dans la vie, au-delà de son petit chien, qui porte bien son nom d'Alma ("âme" en portugais). Elle n'a pas vu depuis longtemps sa mère Sara (Rita Blanco) et sa fille adolescente Salome (Madalena Almeida), qui arrivent à l’hôtel après la mort de son père. La sœur de Piedade, Raquel (Cleia Almeida), et sa cousine Angela (Vera Barreto) viennent compléter ce quintet féminin. On apprend assez vite que Piedade est le mouton noir de la famille, dans un sens, et qu'elle est incapable d''établir une connexion avec sa mère comme avec sa fille. Sara l’accuse aussi d’être narcissique et névrotique, mais elle-même est plus une figure à la Maman très chère qu'une "maman chérie". L’hôtel, joli mais peu rentable, sert de métaphore pour leur état émotionnel.

Au fil du récit, de plus en plus de faits douloureux et d’émotions à vif se font jour. Il semble que ces femmes n’arrivent pas à gérer l’ambivalence de leurs propres sentiments contradictoires et des sentiments qu’elles ont les unes pour les autres. Coincées, chacune dans son propre point de vue, à lécher ses vieilles blessures dans une sorte de frénésie, elles sont incapables de se connecter les unes aux autres ou de tourner la page. Les cinq actrices font un travail formidable et touchent toutes les notes qu'il faut pour que le public comprenne chacun de leur personnage, même s'il n'est pas forcément d'accord.

Regarder ce film criant de maturité et chargé d’émotions de Canijo devient un parcours émouvant, tandis que nos héroïnes se heurtent les uns aux autres et que la nature de leur absence de bonheur est révélée. Ou peut-être que c'en est juste une version. Le film est une expérience, d'une certaine manière, puisque sa version "à rebours", Living Bad [+lire aussi :
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du même réalisateur, est présentée dans la section Encounters du même festival. Bad Living parle de la famille de l'intérieur, alors que l'autre film adopte un point de vue extérieur sur la même situation. Après tout, les circonstances peuvent faire toute la différence.

Bad Living est une coproduction entre le Portugal et la France pilotée par la société lisboète Midas Filmes, en coproduction avec la maison parisienne Les Films de l’Après-Midi. Les ventes internationales du film sont assurées par Portugal Film – Portuguese Film Agency.

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(Traduit de l'anglais)


Galerie de photo 20/02/2023 : Berlinale 2023 - Mal Viver

33 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.

João Canijo, Anabela Moreira, Rita Blanco, Madalena Almeida, Cléia Almeida, Vera Barreto
© 2023 Fabrizio de Gennaro for Cineuropa - fadege.it, @fadege.it

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