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MOVIES THAT MATTER 2024

Critique : Nice Ladies

par 

- En adoptant la perspective d'une équipe de pom-pom girls composée de quinquas et de septuagénères, Mariia Ponomarova pose un regard neuf sur la survie pendant l'invasion de l'Ukraine par la Russie

Critique : Nice Ladies

"Cinq, six, sept et huit !". Dans un paysage sablonneux, un groupe de douze femmes en costume de cheerleading entament une chorégraphie qu'elles suivent toutes rigoureusement, guidées par une entraîneuse qui n’apparaît pas à l’écran, puis fait irruption dans l'image et lance : "Le centre, c'est là, les filles. Étalez-vous bien sur toute la surface". À bien y regarder, ce n’est pas à une équipe de cheerleaders classique qu'on a affaire ici : celle-ci se compose d’un groupe de femmes âgées, pour la plupart de plus de 50 ans, mais toutes vivaces, agiles et capables de faire des grands écarts.

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C’est ainsi que commence le documentaire Nice Ladies de Mariia Ponomarova, qui fait la chronique du parcours de l’équipe qui donne son titre au film et réunit des Ukrainiennes d'âge avancé aux prises avec les réalités de la vie quotidienne mais passionnées de cheerleading malgré la guerre. Le film vient de faire sa première mondiale au Festival Movies that Matter de La Haye, aux Pays-Bas, où il concourt pour le Prix Dutch Movies Matter.

Nice Ladies est une équipe de cheerleaders qui participe aux compétitions dans cette discipline (plus spécifiquement dans la catégorie cheerdance, qui met l'accent sur les éléments artistiques plus que sur les effets techniques) et représente Kharkiv, à l'est de l'Ukraine. Ces femmes sont par ailleurs ingénieures, enseignantes en université... Le cheerleading est leur passion. Ponomarova se concentre sur les perspectives de Sveta Stopina, de Valia Onyshchenko, la capitaine de l’équipe, et de Nadia Avdasiova. Les membres de ce groupe sont de vraies amies : elles s’assurent toujours d’être là pour les anniversaires des autres et partagent avidement des photos de leurs enfants, de leurs petits-enfants et de leurs animaux domestiques.

Le documentaire s'intéresse à leurs vies après l’invasion de l'Ukraine par les Russes, début 2022, donc en pleine guerre, avec une curiosité particulière pour les tensions qui naissent entre Sveta et Nadia. Sveta contacte Ponomarova (désignée dans le film par son surnom, Masha), qui la fait venir chez elle à Amsterdam tandis que le reste de l’équipe demeure dans la ville bombardée de Kharkiv. Le film est vite interrompu par la réalité de la guerre, qui va dominer le reste du récit, mais Ponomarova présente un regard neuf sur la vie pendant la guerre en Ukraine, et se concentre sur une tranche démographique différente : les femmes indépendantes d’âge mûr qui ont des vies très actives.

Les aspects les plus intéressants du film ne surviennent que dans le troisième tiers, où des discussions difficiles sur la culpabilité du survivant et la responsabilité personnelle sont discutées à voix basse (mais avec dureté) au sein de l’équipe. "Un estomac bien plein ne comprend pas un estomac vide", crie Nadia à Sveta dans la séquence la plus poignante du film, révélant l'angoisse qui les habite toutes autour du choix de rester ou de partir, pour celles qui ont le privilège de pouvoir le faire.

La cheffe opératrice Svetlana Aparina ne craint pas de se rapprocher le plus possible des Nice Ladies tout en maintenant un style "mouche sur le mur". Il est clair que Ponomarova n'aurait pas eu un tel accès à ce groupe si elle n’avait pas développé des liens d'amitié significatifs avec elles, ce qui est bien illustré par la scène où on les voit toutes faire des exercices de massage faciaux ensemble. L’histoire passe très vite sur les discussions plus profondes sur les attentes qu'a la société par rapport aux femmes, qu'on n'entend qu'en passant, laissant le spectateur sur sa faim. Malgré cela, on peut garantir que les Nice Ladies sauront vous conquérir.

Nice Ladies a été produit par Labyrint Film (Pays-Bas), en coproduction avec Tabor Production (Ukraine). Les ventes internationales du film sont gérées par la société parisienne CAT&Docs.

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(Traduit de l'anglais)

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