18/05/2002 - Une pure coïncidence de Romain Goupil est un documentaire qui est devenu une dure accusation de l´exploitation des sans papiers

Personne n´a voulu l´acheter : ni les distributeurs étrangers ni les chaînes télévisées françaises. Pourtant Une pure coïncidence, film présenté hier à la Quinzaine des réalisateurs, a reçu les applaudissements du public festivalier.
Un tournage qui pouvait coûter cher au réalisateur Romain Goupil et à ses cinq collaborateurs qui ont découvert l´existence d´un racket à Paris, dans le 19eme arrondissement. «L´idée centrale était celle de tourner un film pour le père d´un membre de notre groupe, très malade et déprimé à cette époque - raconte Goupil - puis un sans papiers m´a raconté l´histoire de cet endroit, un apparent bureau de change, où nombre d´entre eux étaient obligés de verser tout ce qu´ils gagnaient pour éviter d´être battus et détenus. C´est à ce moment là que le projet s´est transformé».
Le groupe de cinéastes, armé de caméras numériques, ont ajouté des scènes pour dénoncer l´exploitation de ces personnes et accélérer l´intervention des Autorités. Goupil a rappelé qu´en France «il y a 60.000 sans papiers, qui ont plusieurs fois manifesté leur volonté de payer les impôts comme tout le monde, sans jamais être entendus. Ces personnes sont victimes du racket, du travail au noir, de l´isolement, ils vivent dans des espèces de prisons à domicile et sont à tous les effets des citoyens de troisième classe. C´est scandaleux !»
Le film sortira dans les salles françaises le 29 mai et il sera intéressant d´évaluer les réactions face à cette parfaite fusion de réalité et fiction, exemple très réussi de cinéma militant qui reste toutefois aux antipodes de la cinématographie d´un auteur engagé comme Ken Loach. Goupil a été l´assistant opérateur de Jean Luc Godard et de Roman Polanski. Et pendant ce temps, à Cannes, Une pure coïncidence a été applaudi par tous, public et professionnels.

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