06/09/2008

Gianfranco Rosi, né à Asmara, en Érythrée, et titulaire d'un double passeport (italien et américain), n'est pas un cinéaste cosmopolite seulement sur le papier. Le jeune auteur a fait ses études à l'école de cinéma de l'Université de New York et vécu à Istanbul, Rome et Los Angeles. Il propose à présent dans la section Horizons de Venise son premier long métrage Below Sea Level (après le moyen métrage Boatman, applaudi notamment à Sundance).

Ce film fait le portrait d'une Amérique loin des stéréotypes à travers un lieu reculé, bien qu'il se trouve à moins de trois cents kilomètres de Hollywood : Slab City. Ce nom, c'est les habitants qui le lui ont donné, des hommes et des femmes en marge de la société qui se sont inventé des maisons de fortune pour échapper aux lois contre l'occupation du territoire public. Ces gens ne sont pas des sans-logis mais des "argonautes", comme les appelle le réalisateur, qui les a suivis pendant quatre ans. Ils vivent, tout simplement, certains par choix d'autres par nécessité, sur une terre qui n'est à personne à quarante mètres sous le niveau de la mer, sans eau ni électricité.

Grâce au montage de Jacopo Quadri, Rosi raconte les histoires de sept personnages : Ken, Lily, Mike, Wayne, Carol, Cindy et Sterling. Les chemins qui les ont conduits à ce coin du désert californien sont tous différents : l'un a l'anarchie pour idéal, un autre voudrait revenir à la "civilisation", l'un est diplômé en théologie, un autre a découvert sa féminité après le Vietnam, l'un écrit des chansons, un autre déteste les mouches ("Je ne comprends pas pourquoi lors du déluge, Dieu vous a mis sur l'Arche")... Et puis il y a un huitième personnage, le désert lui-même, qui ne sert pas seulement de toile de fond mais, comme le dit le réalisateur (qui s'est également chargé de la photographie du film), "peut tuer l'été et engloutit le monde la nuit".

Below Sea Level, qui fait partie des titres les plus surprenants (et applaudis) de la Mostra, est une coproduction italo-américaine dont Rosi lui-même s'est occupé par le biais de sa société, 21oneproductions. En attendant de connaître le verdict du jury, le film a déjà reçu le Prix Biografilm Lancia et le Prix Doc/it.

(Traduit de l'italien)