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Borys Lankosz • Réalisateur

The Reverse : Des radars toujours en éveil

par 

Né en 1973, le réalisateur polonais Borys Lankosz a réussi ses débuts dans le long métrage avec The Reverse [+lire aussi :
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interview : Borys Lankosz
fiche film
]
, l’histoire d’une jeune femme et de son opposition prodigieuse au mensonge, à la trahison et à la manipulation, sur le fond de stalinisme durant les années 50 en Pologne. Le film a été salué dans son pays comme une des révélations majeures de ces dernières années et le réalisateur a été propulsé comme leader de la nouvelle Ecole Polonaise du Cinéma.

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Cineuropa : The Reverse est un exemple rare d’un film séduisant le public, les professionnels et les critiques. Récompensé au festival du cinéma polonais de Gdynia l’an dernier par le jury (sept prix au total dont le Grand Prix) et les spectateurs (prix du public), il a été très bien reçu dans les salles polonaises, mais également apprécié par la critique (prix Fipresci au festival de Varsovie). Il est maintenant sélectionné à Karlovy Vary dans la section Variety Critics´Choice. Aviez-vous imaginé au départ un film si universel et espériez-vous un tel accueil ?
Borys Lankosz : Le succès du film a dépassé toutes mes attentes. Il est vrai que moi et mon équipe avions mis tout notre coeur dans cette production. Je trouve également que j’ai réussi à toucher l’inconscient des Polonais qui vivent toujours avec les esprits du passé, des esprits invisibles mais qui nous influencent profondément. Je pense dons que le film peut évoquer une sorte de catharsis par le rire, pas une rigolade stupide mais un rire intelligent qui permet de faire partir ces démons du passé, de les chasser. Ce film est une métaphore non seulement du stalinisme mais de tout les totalitarismes possibles.

Le film a eu beaucoup de succès dans des pays très différents. Il vient d’être primé à Seattle, a été très bien reçu à Moscou, présenté à Kiev... Les publics réagissent-ils différemment ?
Il est possible que les Américains regardent ce film avec la perspective approfondie de leur expérience spécifique du totalitarisme, en prenant faisant comme référence le maccarthisme par exemple. Il est certain que leur code de lecture est tout a fait différent du nôtre : ils ne sont pas capables de comprendre la dimension symbolique des détails, surtout des dernières scènes du film. Mais ces détails ne jouent pas un rôle décisif dans la compréhension du film. J’ai fait ce film par amour du cinéma et je pense que le spectateur le sent parfaitement. C’est donc à travers d’autres éléments que le film peut être attirant : grâce au jeu avec les genres et les conventions cinématographiques.

Avant ce premier film de fiction, vous avez tourné des documentaires en Iran, en Chine, au Zimbabwe. Quel était alors votre principal objectif en tant que réalisateur et avez-vous le même aujourd’hui ?
Après l’école du cinéma, je me suis dit qu’il valait mieux tourner des histoires importantes pour le public plutôt que de parler de mon propre nombril. Le documentaire m’a permis de mieux connaître aussi bien le monde que moi-même. C’était donc une expérience d’être humain plus que de réalisateur. En Pologne, on pense souvent que passer du documentaire à la fiction est une sorte de noble promotion. Je ne suis pas d’accord. On peut, il est vrai, respirer avec un seul poumon mais, pour atteindre la plénitude, il faut respirer avec les deux.

Vous êtes également connu pour vous intéresser à la question juive (Stranger VI, Radegast). Ce sujet est-il toujours important dans votre travail ?
C’est grâce aux critiques que je me suis rendu compte que beaucoup de mes films touchaient cette question. Il ne s’agit pas tellement de la question juive, mais plutôt de celle, plus large, d’être étranger. J’avais l’impression que je réalisais des films très différents, mais je découvre au fur et à mesure qu’ils ont presque tous quelque chose en commun. En matière des sujets à traiter, mes décisions sont inconscientes. Je ne les cherche pas, ce sont eux qui me trouvent. Je suis sûr qu’il ne faut pas provoquer les sujets, ils viennent tout seuls. C’est seulement une question de sensibilité des radars qui sont toujours en éveil chez moi.

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