email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Pia Marais • Réalisatrice

Les chemins de la liberté

par 

- La réalisatrice Pia Marais réfléchit sur la carrière qu'elle a menée jusqu'à présent.

Pia Marais s'intéresse à l'anxiété et l'irritation de ses personnages sans intention de les aider à aller mieux.

Son premier long métrage, , The Unpolished [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, était un étrange récit de formation dont l'héroïne, Stevie, est une "petite fille perdue" au milieu de l'Allemagne. Bien qu'elle n'ait que 14 ans, elle doit trouver sa voie seule parce que ses parents ne l'aident en rien. Entre les drogues, les fêtes, le sexe, le film explore avec délicatesse et subtilité une société égoïste de vieux hippies qui refusent d'épouser l'establishment petit bourgeois. "D'une certaine manière, je suppose que mon film est autobiographique", avait confié Marais à l'époque. "L'idée, avait-elle ajouté, était de décrire mes conditions de vie enfant. Cela aurait pu devenir une comédie, mais je voulais que mon sérieux se retrouve dans mes images".

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

The Unpolished est un film extrêmement intense, filmé par une caméra fébrile, qui cherche et hésite mais semble également très sûr de son approche et explore la vie de Stevie avec un regard de collectionneur. Les couleurs du film renvoient aux vieilles photographies et bien que l'action se situe dans le présent, on a sans cesse l'impression d'être ramené sur le terrain moins familier du passé. C'est un film qui porte bien son titre : il n'est pas parfaitement poli et compte même des aspects grossiers, sans jamais perdre son intensité. En même temps, c'est un travail très mature, lauréat du Tigre de Rotterdam.

Le deuxième film de Pia Marais, A l'âge d'Ellen [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
, a pris la forme d'un thriller psychologique d'un genre très différent sur l'effet libérateur de l'abandon des valeurs bourgeoises. D'un jour à l'autre, Ellen laisse son ancienne vie derrière elle et se lance dans un parcours dans la vie moderne, armée d'une simple valise et de son uniforme d'hôtesse de l'air. Elle évolue comme dans une transe, d'abord parmi les hommes d'affaires en déplacement qui se sont soudain perdus entre deux rendez-vous et espèrent se retrouver dans les fêtes déprimantes qui s'organisent dans les chambres d'hôtel, puis auprès d'activistes de gauche en lutte contre la mondialisation et les expériences sur les animaux. Avec ces derniers, Ellen tente de vivre autrement, mais cela n'est pas une réussite non plus. Finalement, elle atterrit en Afrique, de sorte que le film semble un conte moderne sur une femme envoûtant.

On perçoit ici une prise de distance vis-à-vis de la bourgeoisie ; on entre dans une quête des espoirs et rêves oubliés de notre civilisation. Le film chante le chant du cygne de l'Occident, dont les promesses de liberté et de bonheur sont mortes et enterrées depuis longtemps. À la manière de Rousseau, Marais met l'accent sur l'aliénation et touche au "coeur des ténèbres" qu'on voyait aussi dans l'Apocalypse Now de Coppola.

La conclusion du film est ouverte, mais on pourrait prendre cette indécision pour une absence. Ce film remarquable est certes un essai philosophique, mais c'est aussi un titre mal-élevé et anticonventionnel qui reste imprévisible, audacieux et expérimental. On y retrouve encore de superbes scènes avec des animaux (un singe, des centaines de poules, des chats et des chiens...), qui sont pleins de vie et complètement libres et servent de miroir aux hommes. C'est un film très ouvert qui repose sur un humour et des dialogues lapidaires, quelques petits moments sales et beaucoup de magie. Pia Marais explore différents modes de vie et s'intéresse à l'anxiété et l'irritation de ses personnages sans intention de les aider à aller mieux.

La réalisatrice travaille à présent sur le scénario de son prochain film : "Il parlera de peur et de paranoïa et de la privatisation de la sûreté, une chose que je trouve terrible. J'ai voulu traiter ce thème il y a des années, mais j'avais l'impression que ce n'était pas le bon moment. Ce film sera très différent de mes deux premiers, dans le sens où ce sera un film de genre évoquant avant tout la tension qui existe avant que la vérité ne se fasse jour".

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy