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Ruben Östlund • Réalisateur

"Nous, les humains, avons tellement peur de remettre les règles en question"

par 

- De nouveau sélectionné à Cannes avec Play, le réalisateur suédois explique pourquoi il s'est intéressé à un fait divers très polémique touchant à la délinquance et au racisme.

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, du Suédois Ruben Östlund, lauréat du prix "Coup de coeur" à la Quinzaine des réalisateurs du dernier Festival de Cannes, fait partie des trois nominés au Prix Lux, récompensée attribuée tous les ans par le Parlement européen et garantissant au lauréat une distribution dans 23 pays de l'Union.

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Ruben Östlund, dont on se rappelle encore les films sur le ski réalisés dans les années 1990, avait réalisé auparavant deux longs métrages, The Guitar Mongoloid (2005) et Happy Sweden [+lire aussi :
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(sélectionné à Cannes dans la section Un Certain Regard en 2008), multiprimés dans les festivals internationaux. Son court métrage Incident by a Bank a gagné l'Ours d'or à Berlin en 2010.

Play, étude sur le comportement humain inspirée par des articles de journaux sur de jeunes adolescents de Göteborg qui dévalisaient d'autres enfants, a été produit par la société d'Östlund et Erik Hemmendorff , Plattform Produktion. Son distributeur suédois est Svensk Filmindustri et ses ventes internationales sont gérées par la société parisienne Coproduction Office.

Cineuropa : Pourquoi avez-vous décidé de monter votre propre société de production?
Ruben Östlund : Parce que nous n'avons pas à demander la permission aux autres pour mettre nos idées en pratique. Nous avons le pouvoir de décider si un film va être fait ou pas. Le producteur Erik Hemmendorff et moi avons vu des réalisateurs travailler pendant des années sur des premiers longs qui n'ont abouti à rien. Nous ne voulions pas avoir à regretter des efforts vains, alors en 2002, nous avons fondé Plattform Produktion.

Qu'avez-vous trouvé dans les articles sur les vols entre enfants que les lecteurs ordinaires n'avaient pas vu ?
Ce qui était intéressant, c'est que pour obtenir ce qu'ils voulaient, les voleurs se servaient d'une sorte de piège rhétorique, une sorte de jeu de rôle où certains étaient "les méchants" et d'autres "les gentils". Ils exploitaient en outre le fait d'être noirs pour faire planer une menace tacite sur les victimes. Malgré leur tout jeune âge, les voleurs savaient utiliser à leur avantage les préjugés de la société. En quelques sortes, l'idée de cinq petits noirs dévalisant trois petits blancs m'a posé un problème : ma propre réaction. Pourquoi cela m'a-t-il tant gêné ? C'est cette question qui a constitué le point de départ de mon projet.

Que vouliez-vous explorer dans leur comportement ?
Un détail m'a frappé : dès le départ, toutes les victimes savaient qu'elles allaient être dépouillées, et elles ont quand même suivi les voleurs dans une petite rue déserte au lieu de rester en public. Seules deux victimes ont appelé à l'aide et chaque fois, cela à suffi à arrêter les voleurs. Cela m'a rappelé que pendant l'Holocauste, un seul nazi armé pouvait forcer un groupe de juifs à marcher pendant quinze minutes vers leur propre exécution. Ces derniers savaient ce qui les attendait, et pourtant ils ne résistaient pas. Apparemment, nous, les humains, avons tellement peur de remettre en question les lois que nous repoussons le conflit (le chaos) aussi longtemps que possible. Il y a aussi la question du préjugé racial. Les gens ont tendance à lire les actes individuels (quand les individus concernés appartiennent à une autre communauté) comme des actes représentatifs d'un groupe dans son ensemble. Si un hooligan danois s'en prend à l'arbitre pendant un match de football, cela influence ce que pensent les Suédois de tous les Danois.

Comment avez-vous développé le scénario ?
J'ai passé longtemps à faire des recherches, à lire des rapports sur des vols, à interroger des victimes, des coupables, des policiers et des psychologues. Une grande partie des dialogues ont été écrits après des séances d'improvisation organisées pendant les auditions. J'ai repris beaucoup de détails de l'acte qui m'a initialement inspiré, notamment la fin, le fait que les voleurs ont amené les victimes dans les bois pour qu'ils se doivent faire une compétition pour défendre leurs biens.

Où avez-vous trouvé vos jeunes acteurs ? Ont-ils tout de suite compris ce que vous vouliez ?
Il a fallu neuf mois à la directrice de casting pour les trouver, entre Stockholm, Malmoe et Göteborg, et elle a fait du bon travail. Je ne sais pas si les garçons ont compris mon intention profonde. Les préparer pour une séquence chorégraphiée de huit minutes est ce que j'ai fait de plus difficile jusqu'ici. C'est déjà dur avec des adultes.

Quid de votre prochain projet ?
Le film s'appellera Tourist et comprendra la scène d'avalanche la plus extraordinaire de l'Histoire du cinéma.

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