email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Jean-Paul Salomé • Président d'UniFrance

Un cinéma français en mouvement

par 

- Jean-Paul Salomé, le président d'UniFrance décrypte la stratégie de l'agence de promotion du cinéma français à l'international

Jean-Paul Salomé • Président d'UniFrance

Rencontre avec le cinéaste Jean-Paul Salomé, président d'UniFrance, l'agence de promotion du cinéma français à l'international, à quelques jours du Rendez-vous du cinéma français à Paris.

Cineuropa : Au terme de votre première année à la présidence d'UniFrance, quelle est votre analyse de la perception à l'étranger du cinéma français ?
Jean-Paul Salomé : Il est encore perçu comme l'un des rares cinémas européens à avoir une vraie dynamique et comme le pivot de la cinématographie européenne. De très nombreux cinéastes européens de renom continuent d'ailleurs à faire leurs films car ils sont coproduits par la France. La cinématographie française connait des années plus fortes et d'autres conjoncturellement moins importantes. Parfois, le qualitatif supplante le quantitatif et si cette année, certains films n'ont pas rencontré le succès au niveau auquel on les attendait, la France a remporté la Palme d'Or à Cannes avec La vie d'Adèle [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Abdellatif Kechiche
fiche film
]
. C'est ce mélange qui est intéressant car il n'y a jamais d'année noire. Il y a également une prise de conscience qu'un cinéma populaire et de comédie doit essayer de s'aventurer dans d'autres zones. 9 mois ferme [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, Les Garçons et Guillaume, à table! [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
et 20 ans d'écart [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
(dans un registre plus classique) le prouvent. On verra dans les mois qui viennent si ce renouveau de la comédie passe nos frontières.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Quels sont les actions à mener et les défis les plus importants pour Unifrance ?
L'un de nos premiers chantiers, avec la directrice générale Isabelle Giordano, a été de renouer avec les exportateurs qui se sentaient un peu incompris ces derniers temps. Ensuite, l'exploitation de nos films à l'international évolue tellement vite qu'il est important de se poser des questions sur la pertinence de nos actions. Les moyens financiers que nous engageons vont-ils aux bons endroits ? Faut-il apporter un soutien aux salles en Europe et aider les exploitants à mieux éditorialiser nos films? Faut-il parfois plus investir dans la publicité que dans des actions de shows et de délégations ? Nous sommes en train d'étudier cela.

Le dossier de la Chine est également capital. Nous y sommes allés en décembre car il est essentiel d'établir des relations de travail avec les autorités, les exploitants et les jeunes cinéastes chinois. Dans les salles, à un moment donné, ils auront besoin de diversité et, au-delà des quotas, nous voulons montrer que le cinéma d'auteur porteur peut très bien sortir en salles en Chine. Ce marché arrive à maturation et nous pensons qu'il peut absorber une cinquantaine de films français par an, pas forcément dans 1000 salles, mais dans des réseaux plus pointus.

L'Afrique est aussi un sujet important. Alors que les bases d'une nouvelle exploitation commencent à se mettre en place avec la naissance de multiplexes, de plateformes VàD, de nouvelles chaînes TV, et un public très francophone, il ne faudrait pas laisser les Américains prendre les commandes.

Le Rendez-vous du cinéma français à Paris (du 10 au 20 janvier 2014) est-il un carrefour névralgique ?
En arrivant, je me suis posé la question : quelles sont les opérations qui marchent et comment mieux les développer ? L'une d'elles est le Rendez-vous du cinéma français à Paris. Il s'agit donc de le renforcer. Cette année, à titre expérimental, nous faisons venir à Paris une trentaine d'acheteurs de la zone Amérique Latine, mais aussi quelques Chinois. Nous allons aussi allons renforcer le Festival du cinéma français à Tokyo que nous organisons en juin. En parallèle, il y a un petit marché de films français qui réunit vendeurs français et acheteurs japonais. Pour l'élargir un peu, nous avons décidé d'inviter une délégation d'acheteurs de toute l'Asie du Sud-Est.

Quid de la 4ème édition de MyFrenchFilmFestival qui se déroulera en ligne du 17 janvier au 17 février 2014 ?
Il s'agit de se connecter avec un public plus jeune qui nous fait défaut dans les salles et dans les festivals. Le meilleur moyen est de passer par le média favori de cette génération : Internet. MyFrenchFilmFestival prend de l'ampleur d'année en année. Il y a aussi un côté laboratoire : proposer des films au même moment, dans des sous-titrages différents, en géolocalisant, en faisant payer dans les pays où les gens ont l'habitude de le faire ou en faisant du gratuit, mais payé par de la publicité, là où les méthodes de consommation tendent plutôt au gratuit. Chaque territoire a sa propre économie. Mais nous ne pourrons pas pousser trop loin et il serait bien que soit créée un jour sur ce modèle une plateforme du meilleur du cinéma européen accessible depuis tous les pays du monde.

Cinéma d'auteur ? Films en langue anglaise ? Que faut-il privilégier pour mieux se développer à l'international ?
Il n'y a pas de dogme. Les publics changent et ce qui était valable il y a cinq ans ne l'est pas forcément aujourd'hui. Les films d'auteur voyagent, mais de nombreux festivals et la presse ont parfois tendance à les enfermer dans une forme de cinéma figée, avec des icones. C'est très bien, mais on ne peut pas être réduit à cela. C'est notre travail de ramener un peu de curiosité de la part des étrangers pour leur montrer qu'il y a un autre cinéma en français, des jeunes auteurs à découvrir. Il y a une certaine facilité à rentrer toujours dans le même moule, c'est plus facile pour les festivals et pour les journalistes, mais il faut sortir un peu de cette démarche car sinon, on reste figé alors que notre cinéma ne le reste pas comme le démontrent par exemple Tonnerre [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Guillaume Brac
fiche film
]
ou La fille du 14 juillet [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
, des expériences qu'il faut pousser les étrangers à regarder. Et c'est le rôle d'UniFrance de mettre la lumière sur certains coups de coeur.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy