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Christoph Hochhäusler • Réalisateur

"Les médias façonnent nos pensées mais peu de gens savent comment ils fonctionnent vraiment"

par 

- Christoph Hochhäusler a projeté son nouveau thriller, The Lies of the Victors, à Rome. Un récit perturbant qui décrit comment les lobbys manipulent les médias de masse

Christoph Hochhäusler  • Réalisateur
(© Holger Albrich)

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, présenté à Cannes en 2010 dans la section Un Certain Regard,  Christoph Hochhäusler revient pour nous parler des jeux de pouvoir dans Les amitiés invisibles [+lire aussi :
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, son quatrième long métrage, qui vient d'être projeté au 9ème Festival international de Rome (16-25 octobre 2014), dans la section Cinéma d'aujourd'hui. Le personnage principal du film, Fabian (Florian David Fitz), est un journaliste d’investigation qui enquête sur un scandale concernant des déchets toxiques assisté de Nadja (Lilith Stangenberg), une jeune journaliste. Alors qu’il semble être sur la bonne piste, il reçoit des preuves d’une autre version des faits par un imposteur (qui est en réalité une agence de communication chargée de dissimuler le scandale). Finalement, tout rentre dans l’ordre, du moins c’est ce que l’on croit : la fausse version de l’histoire fera finalement la une. 

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Cineuropa : Comment vous est venue l’idée de cette histoire ?
Christoph Hochhäusler : Je voulais raconter l’histoire d’un journaliste dans le Berlin d’aujourd’hui, d'un homme qui pense avoir le contrôle mais qui en réalité ne l’a pas. Plus généralement, l’idée m’est venue parce que je voulais traiter de problématiques actuelles qui ne sont en général pas abordées dans le cinéma allemand : l’organisation, les institutions et la façon dont les choses fonctionnent. Mon film précédent se déroulait dans le monde de la haute finance. Cette fois, je voulais me concentrer sur quelque chose qui régit nos vies et dont nous ne sommes pas conscients. Les médias façonnent nos pensées mais seules quelques personnes savent réellement comment le journalisme fonctionne et quels sont ses pouvoirs. J’avais un point de vue précis et je ne voulais pas en faire un documentaire.

Lors de l’écriture du scénario, vous êtes-vous inspiré de faits réels ?
J’ai effectué beaucoup de recherches, tous les détails sont basés sur des éléments réels que j’ai ensuite retravaillés. J’ai discuté avec des lobbyistes qui m’ont raconté quelques anecdotes et fait part de quelques dossiers pour lesquels ils sont intervenus auprès de la presse, car ils représentaient une menace pour eux. En développant le projet avec mon co-scénariste, Ulrich Peltzer, nous nous sommes notamment inspirés d’affaires comme le scandale de la contamination du Groupe Envio, le combat des lobbies pour la régulation des substances chimiques dangereuses (REACH) ou encore l’affaire du journal News of the World en Grande Bretagne.

Tout n’est pas explicite dans l’intrigue.
Je ne me suis pas servi de toutes les scènes que nous avons tournées, car j’avais le sentiment que le spectateur ne devait pas nécessairement tout savoir. Il m'a fallu beaucoup de temps pour trouver le bon équilibre entre complexité et obscurité. En réalité, il n’y a pas de solution concluante : nous ne savons pas tout sur ce qu’il se passe. Pendant mes recherches, j’ai passé une semaine au journal Der Spiegel. Les journalistes m’ont expliqué qu’il est possible de faire le jour sur environ 80 % des faits. Pour le reste, il faut prendre le risque de décider par soi-même de ce qui s’est réellement passé. Parfois, on peut aussi se tromper.

L'extrait de film où Humphrey Bogart prononce la célèbre réplique "That’s the press, baby!" apparaît dans The Lies of the Victors.
Je ne voulais pas que ce soit une référence pour cinéphile. Bas les masques est un film très moderne qui décrit les problèmes que rencontre le journalisme moderne. À Hollywood, les films sur le journalisme sont un genre à part entière, mais le film de Richard Brooks est pessimiste, puisque Humphrey Bogart est le tout dernier héros du journalisme. J’ai pensé que la référence à ce film apporterait une touche d'ironie.

Pourquoi votre protagoniste est-il un joueur invétéré ?
Si vous voulez manipuler quelqu’un, vous devez connaître ses points faibles, que ce soit une femme, les jeux d’argent ou les loisirs coûteux. Tout est un jeu. Il y a des gros joueurs et des petits joueurs, comme lui. 

Pourquoi avez-vous choisi Florian David Fitz et Lilith Stangenberg pour incarner le duo de journalistes ?
Je n’ai pas besoin d’une complicité parfaite ou d’un coup de foudre pour réunir deux acteurs. Ce sont des acteurs très différents entre eux. En Allemagne, nous faisons une grande distinction entre les comédiens de théâtre et les acteurs de cinéma. Florian est un véritable acteur de cinéma, alors que Lilith vient du monde du théâtre. J’ai trouvé ce contraste pertinent pour incarner un professionnel sophistiqué et une novice ouverte d’esprit.

En termes de style, on observe des mouvements de caméra répétitifs, fluides et continus. Pourquoi avez-vous choisi de travailler l'image de cette façon ?
Je voulais que la caméra se meuve de manière presque mécanique. De nos jours, on est inondé d’images de ce genre, car il y a des capteurs partout, alors il faut bien interpréter ce type de langage. J'ai par exemple voulu reproduire par moments les mouvements d'un scanner, qui semblent être impartial, sans perspective humaine. J'appelle ces mouvements les "scanning tracks".

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(Traduit de l'italien)

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