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Dieter Kosslick • Directeur, Festival international du film de Berlin

“De nombreux cinéastes enquêtent sur les causes de la crise des réfugiés”

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- BERLIN 2016: Le directeur de la Berlinale Dieter Kosslick discute des conséquences de la mondialisation, thème que l’on retrouve cette année au programme du festival

Dieter Kosslick  • Directeur, Festival international du film de Berlin

La migration et le bouleversement sont des thèmes que l’on retrouve dans de nombreux films de cette 66e édition du Festival international du film de Berlin. Le directeur du festival, Dieter Kosslick, a abordé les films, les jeunes talents et les célèbres invités d’honneurs au programme de cette année.

Cineuropa : Quels sont les principaux thèmes au programme de cette année ?
Dieter Kosslick : Le droit au bonheur et la recherche du bonheur. Des thèmes d’actualité comme la crise des réfugiés et les migrations sont aussi présents, mais ce ne sont pas les sujets principaux. De nombreux réalisateurs enquêtent sur les causes de ces problèmes. Ils analysent l’histoire de leur pays et soulignent les conséquences de la situation actuelle. Plusieurs films français sont également à l’affiche. Ce genre de nonchalance me rappelle quelque peu la nouvelle vague, car ces films abordent la vie avec une perspective philosophique. De plus, nous célébrons cette année les 30 ans du Teddy Award, et l’on oublie déjà que lorsque ce prix a été créé, les homosexuels pouvaient encore être arrêtés en Allemagne.

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Le fait d’être arraché à sa vie, d’en devoir changer totalement est-il symptomatique de notre époque ?
Le terme “sécurité” ne peut se limiter à la sécurité assurée par la police contre le terrorisme, car nous vivons les premiers effets négatifs majeurs de la mondialisation. Il ne s’agit pas seulement des conséquences de revendications territoriales complexes au Proche-Orient ; il y a aussi des pays africains, ou encore l’Afghanistan, où les habitants émigrent. Leurs problèmes financiers ont été provoqués par la mondialisation. C’est ce qui se passe pour la Chine. Si un T-shirt est produit pour deux centimes mais que quelqu’un d’autre le propose pour un centime, l’entreprise choisira la deuxième offre. Et si l’air devient si pollué que plus personne ne peut mettre les pieds dehors, comme c’est le cas à Pékin, les entreprises s’installent dans d’autres pays. Cette recherche du profit complètement débridée constitue le premier effet négatif majeur – dans le langage cinématographique, nous appelons ça un flashback. Il est tout simplement impossible que les choses fonctionnent avec 63 riches dans le monde et 3,2 milliards de pauvres. Cela n’a pas non plus fonctionné pour Louis XIV.

Les conséquences de l’économie mondiale sur les hommes est également l’un des thèmes principaux de A Hologram for the King, de Tom Tykwer. Pourquoi ce film n’est-il pas au programme de la Berlinale ?
Nous aurions souhaité présenter ce film interprété par le grand Tom Hanks à la Berlinale, mais au final cela n’a pas pu se faire. C’est vraiment dommage.

Qu’en est-il des films allemands présentés à la Berlinale ?
Cette année, nous avons plus de 70 films allemands de genres différents dans le programme officiel du festival. Il y a d’abord le titre en compétition d’Anne Zohra Berrached, 24 Weeks [+lire aussi :
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Q&A : Anne Zohra Berrached
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, qui est l’étude d’un couple, ou des coproduction allemandes comme Soy Nero [+lire aussi :
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de Rafi Pitts et Seul dans Berlin [+lire aussi :
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, en passant par les œuvres de jeunes réalisateurs allemands dans la section Perspektive, qui débutera d’ailleurs par Meteor Street [+lire aussi :
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, d’ Aline Fischer. De plus, nous mettons cette année un coup de projecteur sur les films de 1966 en Allemagne de l’Est et de l’Ouest.

Est-ce un avantage pour la Berlinale d’avoir à son programme des réalisateurs provenant de programmes tels que Berlinale Residency, World Cinema Fund et Berlinale Talents ?
Environ cent talents de ces 13 dernières années font partie du programme de cette année. Nous avons par exemple le projet Residency Soy Nero en compétition et L’Ange blessé [+lire aussi :
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de l’ex-talent de la Berlinale Emir Baigazin dans la section Panorama, où l’on trouvera aussi Time Was Endless [+lire aussi :
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, qui a reçu un soutien du World Cinema Fund, ainsi que In the Last Days of the City [+lire aussi :
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dans la section Forum. Notre réseau fonctionne.

Le directeur de la photographie allemand Michael Ballhaus est un visiteur de longue date. Il recevra cette année un Ours d’or d’honneur. De quelle manière a-t-il contribué à l’histoire du cinéma allemand ?
Son œuvre de visionnaire comporte 130 films. Son légendaire traveling à 360 degrés dans Martha de Rainer Werner Fassbinder est devenu sa marque de fabrique, c’est pour cela que sa renommée a atteint les États-Unis. En tant que directeur de la photographie, il a créé des images uniques pour des films tels que Gangs of New York de Martin Scorsese. Dans La Couleur de l’argent, il est parvenu à donner au spectateur l’impression d’être une boule de billard. Et dans Air Force One, la petite cabine de pilotage semble être filmée par le co-pilote. Michael Ballhaus est un grand artiste.

La présidente du jury de cette année, Meryl Streep, a quant à elle déjà reçu un Ours d’or d’honneur. Elle est passionnée de cuisine et d’écologie. Allez-vous lui faire découvrir la section Cinéma culinaire ?
Je vais lui expliquer, mais j’imagine qu’elle connaît déjà cette section puisque c’est une amie proche d’Alice Waters, co-initiatrice du “Cicu” qui faisait partie du jury en 2009. Elle a également ouvert Chez Panisse, un restaurant qui propose de la nourriture régionale, durable et de saison.

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(Traduit de l'anglais)

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